Le son du cor s’afflige vers les bois
Le son du cor s’afflige vers les bois
D’une douleur on veut croire orpheline
Qui vient mourir au bas de la colline
Parmi la bise errant en courts abois.L’âme du loup pleure dans cette voix
Qui monte avec le soleil qui décline
D’une agonie on veut croire câline
Et qui ravit et qui navre à la fois.Pour faire mieux cette plaine assoupie
La neige tombe à longs traits de charpie
A travers le couchant sanguinolent,Et l’air a l’air d’être un soupir d’automne,
Tant il fait doux par ce soir monotone
Où se dorlote un paysage lent.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Paul VERLAINE
Paul Marie Verlaine est un poète français, né à Metz le 30 mars 1844 et mort à Paris le 8 janvier 1896. Paul Verlaine est avant tout le poète des clairs-obscurs. L’emploi de rythmes impairs, d’assonances, de paysages en demi-teintes le confirment, rapprochant même, par exemple, l’univers des Romances sans paroles des plus... [Lire la suite]
Bouddha de Villenave d’Ornon
-------------------------------
Vers ce village, auprès d’un petit bois,
Le bienfaiteur des âmes orphelines,
Le clair Bouddha du pied de la colline
A consacré le bon vin que je bois.
Or, lui aussi, pour s’éclaircir la voix,
Il prend un peu de liqueur opaline ;
Une servante à la grâce féline
Vient nous offrir des mets de bon aloi.
Ce Bouddha vit d’une vie assoupie,
Laissant du monde augmenter l’entropie
En raison de son agir nonchalant.
En son printemps se montre son automne,
En son discours, un savoir monotone ;
S’il marche un peu, c’est sur un rythme lent.
Ceci est mon cor
---------------
En Aquitaine, à l’ombre des grands bois,
Résonne au soir une note orpheline ;
Elle s’élève et franchit la colline,
L’herbe la goûte et le chêne la boit.
On dirait bien que du cor c’est la voix,
J’en reconnais l’harmonie opaline
Qui fait danser une martre féline
Et soupirer une biche aux abois.
Entends ce cor, ô montagne assoupie,
Pour lui se tait la jacassante pie,
Pour lui s’éveille un lézard nonchalant.
Cette chanson, c’est un hymne à l’automne,
Elle est d’ici, que nul ne s’en étonne ;
Je reconnais son timbre clair et lent.
Loup de gueules
----------
Très respecté par les hommes des bois
Pour sa douceur et son âme orpheline,
Le grand loup rouge, au milieu des collines,
S’en va, s’en vient, cherchant je ne sais quoi.
Quand il est seul, il chante à faible voix,
Cela produit des notes cristallines ;
Nous admirons sa démarche féline
Et ses galops d’animal aux abois.
Vers l’horizon, la ville est assoupie ;
Les citadins bavards comme des pies
Ont terminé leur parcours nonchalant.
Est-ce l’hiver, est-ce encore l’automne ?
La lune est froide et le loup s’en étonne ;
Vers sa tanière il retourne à pas lents.
Goupil sylvestre
--------
Ce fier seigneur, c’est le renard des bois,
Le protecteur des poules orphelines ;
Dans son refuge, au bas d’une colline,
Il se calfeutre et ne craint pas le froid.
Presque jamais je n’entendis sa voix,
Qui, me dit-on, peut se montrer câline ;
Pour protectrice, il a Sainte Céline
Dont le fiston consacra notre roi.
Mais il est vieux, son âme est assoupie
Et sa parole est faiblement glapie ;
Pour bien chasser, il est trop nonchalant.
Sois rassuré, brave goupil d’automne,
Il faut vieillir ; que nul ne s’en étonne,
Nul ne pourra s’en défendre en râlant.