Le sommeil
Tout s’endort à son tour : le nuage et la branche,
La fleur, à l’instant même où respire le fruit,
La semaine, aussitôt que sonne le dimanche,
L’été, pendant l’hiver, le jour, pendant la nuit.Le soleil, sur un lac, et l’oiseau, sur un arbre,
Le grand tigre doré, sur le sable trompeur,
L’ombre, dans un cyprès, la blancheur, dans un marbre,
Tout s’endort à son tour : le rêve et le rêveur.L’avenir, dans un mot, le passé, dans un livre
Et, dans le jeune corps qui continue à vivre,
L’âme, vieille déjà, peut parfois s’endormir…Puis elle se réveille ! … et, d’un sursaut de flamme,
Elle voit ce qu’a fait le pauvre corps sans âme…
Et, du cri qu’elle pousse, on peut très bien mourir !
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Rosemonde GÉRARD ROSTAND
Louise-Rose-Étiennette Gérard, dite Rosemonde Gérard, poétesse française, est née le 5 avril 1866 à Paris où elle est morte le 5 juillet 1953.
Elle est la petite-fille du comte Étienne Maurice Gérard, héros de Wagram. Son parrain est le poète Leconte de Lisle et son tuteur Alexandre Dumas. Dodette était son surnom... [Lire la suite]
Vieux phénix
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Une dernière fois, tu rêves sur ta branche.
Le jardin est paisible, où mûrissent les fruits,
La ville est endormie au matin, c'est dimanche
Et le jour est ici moins bruyant que la nuit.
Une dernière fois, tu rêve sur ton arbre
Vers lequel ne viendra nul renard, nul trompeur ;
Le jardin est orné d'un Apollon de marbre
Qui semble t'admirer de ses beaux yeux rêveurs.
Ce temps est revenu : tu as lu tous les livres,
Il n'est plus temps de rire, il n'est plus temps de vivre :
Un phénix mûr se doit de savoir s'endormir.
C'est, une fois de plus, le temps des belles flammes
Qui dansent dans le vent comme danserait l'âme...
(Si l'on pouvait danser au moment de mourir).
cochonfucius : il fallait le trouver ! Crhis