Le soir qu’Amour vous fit en la salle descendre
Le soir qu’Amour vous fit en la salle descendre
Pour danser d’artifice un beau ballet d’amour,
Vos yeux, bien qu’il fût nuit, ramenèrent le jour,
Tant ils surent d’éclairs par la place répandre.Le ballet fut divin, qui se soulait reprendre,
Se rompre, se refaire, et tour dessus retour
Se mêler, s’écarter, se tourner à l’entour,
Contre-imitant le cours du fleuve de Méandre.Ores il était rond, ores long, or étroit,
Or en pointe, en triangle en la façon qu’on voit
L’escadron de la grue évitant la froidure.Je faux, tu ne dansais, mais ton pied voletait
Sur le haut de la terre ; aussi ton corps s’était
Transformé pour ce soir en divine nature.
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Pierre de RONSARD
Pierre de Ronsard (né en septembre 1524 au manoir de la Possonnière, près du village de Couture-sur-Loir en Vendômois et mort le 28 décembre 1585 au Prieuré de Saint-Cosme en Touraine), est un des poètes français les plus importants du XVIe siècle. « Prince des poètes et poète des princes », Pierre de Ronsard, adepte de... [Lire la suite]
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Cheval triple
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C’est un monstre d’argent qu’on voit du ciel descendre,
C’est un triple cheval, un messager d’amour ;
Sa gloire l’accompagne, illuminant le jour,
Il vient pour ses bienfaits sur la plaine répandre.
De son brillant aspect, nul détail à reprendre,
Décidément, l’on peut l’admirer sans détour ;
Quel plaisir, avec lui, de partir faire un tour
Sur le bord de la Seine, en un ombreux méandre !
L’autre jour, près de lui, un ange voletait
Qui au long du chemin doucement papotait,
Parlant de tout, de rien, puis de littérature ;
Notez qu’il est unique, et pourtant, qu’il est trois,
Imitant du Seigneur la trinitaire loi ;
Proche du Créateur est cette créature.
Armes d’Abel et de Caïn
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Armes ne sont présents qu’on vit du ciel descendre,
Jamais de tels objets l’on n’use avec amour.
Le deuil les accompagne, assombrissant le jour,
Dont je vois ses méfaits aux âmes se répandre.
Pour Abel et Caîn, de leurs armes s’éprendre,
Ce fut pour emprunter un chemin sans retour ;
Le serpent, nous dit-on, leur a joué ce tour,
Lui dont le froid esprit a de sombres méandres.
En vain, près de Caïn, son bel ange insistait
Qui son mortel projet fermement contestait,
Refusant que l’Enfer eût son âme en pâture.
Auprès du tendre Abel, les anges furent trois,
Rappelant du Seigneur la pacifique loi ;
Mais ils n’ont rien pu faire, ils étaient immatures.