Le serpent qui danse
Que j’aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau !Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,Comme un navire qui s’éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain.Tes yeux, où rien ne se révèle
De doux ni d’amer,
Sont deux bijoux froids où se mêle
L’or avec le fer.A te voir marcher en cadence,
Belle d’abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d’un bâton.Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d’enfant
Se balance avec la mollesse
D’un jeune éléphant,Et ton corps se penche et s’allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l’eau.Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants,
Quand l’eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents,Je crois boire un vin de Bohême,
Amer et vainqueur,
Un ciel liquide qui parsème
D’étoiles mon coeur !
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Charles BAUDELAIRE
Charles Pierre Baudelaire est un poète français, né à Paris le 9 avril 1821 et mort le 31 août 1867 à Paris. Il est l’un des poètes les plus célèbres du XIXe siècle : en incluant la modernité comme motif poétique, il a rompu avec l’esthétique classique ; il est aussi celui qui a popularisé le poème en... [Lire la suite]
Un palmier danse
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Moi qui n’ai pas de mots pour vous ouvrir mon âme,
Je pourchasse leur sens qui toujours m’échappa ;
Mais mon corps dans le vent vibre comme une flamme
Et je tiens des propos que vous n’entendez pas.
Mes ancêtres, jadis bénis par une Dame,
Lui donnèrent leurs fruits, ce lui fut un repas ;
Ensuite vint à nous l’ermite zérogame,
Lui qui dans sa magie jamais ne se trompa.
Tous les oiseaux du ciel accompagnent ma danse,
Leur chef de clan me dit que c’est une évidence ;
Il veut, quant il me voit, produire de clairs sons.
J’aime les passereaux, mais surtout l’hirondelle,
Mon oreille apprécie sa subtile chanson,
Son coeur, comme le mien, ne peut qu’être fidèle.
Sur quatre pieds
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Coeur de poète,
Doux fruit vermeil ;
C’est jour de fête,
Jour de soleil.
Chante à tue-tête,
Sois en éveil ;
Ce corps s’apprête,
Simple appareil.
Âme mondaine,
Amours lointaines,
Quelques soupirs.
Beuverie franche,
Vieux souvenirs,
Calme dimanche.
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Victor Segalen
Voit cet étrange édifice,
Mais je crois qu’il rêve.