Le Rose
Je connais tous les tons de la gamme du rose,
Laque, pourpre, carmin, cinabre et vermillon.
Je sais ton incarnat, aile du papillon,
Et les teintes que prend la pudeur de la rose.À Grenade, des bords que le Xénil arrose
J’ai, sur le Mulhacen lamé de blanc paillon,
Vu la neige rosir sous le dernier rayon
Que l’astre, en se couchant, comme un baiser y pose.J’ai vu l’aurore mettre un doux reflet pourpré
Aux Vénus soulevant le voile qui leur pèse,
Et surpris dans les bois la rougeur de la fraise.Mais le rose qui monte à votre front nacré
Au moindre madrigal qu’on vous force d’entendre,
De la fraîche palette est le ton le plus tendre.1867
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Théophile GAUTIER
Pierre Jules Théophile Gautier est un poète, romancier, peintre et critique d’art français, né à Tarbes le 30 août 1811 et mort à Neuilly-sur-Seine le 23 octobre 1872 à 61 ans. Né à Tarbes le 30 août 1811, le tout jeune Théophile garde longtemps « le souvenir des montagnes bleues ». Il a trois ans lorsque sa famille... [Lire la suite]
Le seigneur du trou noir
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Il n’en sort jamais rien, pas même un photon rose ;
Mais, au coeur du trou noir, est un grand pavillon
Où demeure un Seigneur, maître des tourbillons
Et d’engloutissements qu’il chante en belle prose.
Puits gravitationnel que la matière arrose,
Toi qui peux moissonner sans creuser de sillons,
Vainement Cupidon te lance un aiguillon,
Au coeur de ce néant, lourdement il se pose.
L’empereur de ces lieux, chaussé de charentaises,
Inspecte le bilan de ses douze diocèses
Dont chaque évêque fut par ses soins consacré.
Tout cela n’est connu que par quelques légendes
Sur cet endroit fermé, que, dit-on, ne transcende
Pas un seul neutrino, pas un photon nacré.
Pavillon de plaisance
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Ombrages verdoyants, jardin fleuri de roses ;
Ici, le vieux poète habite un pavillon.
Le vent avec la feuille y danse en tourbillons,
À l’intérieur, on lit des vers et de la prose.
L’homme, qui ses repas modestement arrose,
A cessé de tracer son timide sillon,
Mais de la muse encore éprouve l’aiguillon ;
Son cul, chaque matin, dans son bureau se pose.
Il compose un sonnet, chaussé de charentaises,
Grave comme un évêque inspectant son diocèse,
En ce pavillon règne un silence absolu.
Il écrit des propos, des fables, des légendes
Mais de peu d’importance, et qui rien ne transcendent :
Sur le froid, sur la nuit, sur les temps révolus.
Pose
Comme il sait s’occuper de son bouton de rose,
Le teint de sa patronne est presque vermillon.
Au-dessus des amants, un fringant papillon,
Volette dans l’air doux d’un soir d’été bleu-rose.
L’employé, c’est celui, qui, le gazon, arrose,
Parmi d’autres travaux, autour du pavillon.
Jusqu’alors affairé à poser des paillons
Le long de la clôture, il s’accorde une pose.
Une de ses mains cours sur le satin pourpré
De son décolleté ; un sein, elle soupèse,
Tandis qu’avec sa langue, il caresse sa fraise.
À mesure que vient, le dénouement sacré,
Les soupirs de plaisir sont moins durs à entendre,
Ils seront au summum quand sont corps va se tendre.
https://misquette.wordpress.com/2019/11/06/pose/