Le Rishi
Dans la sphère du nombre et de la différence,
Enchaînés à la vie, il faut que nous montions,
Par l’échelle sans fin des transmigrations,
Tous les degrés de l’être et de l’intelligence.Grâce, ô vie infinie, assez d’illusions !
Depuis l’éternité ce rêve recommence.
Quand donc viendra la paix, la mort sans renaissance ?
N’est-il pas bientôt temps que nous nous reposions ?Le silence, l’oubli, le néant qui délivre,
Voilà ce qu’il me faut ; je voudrais m’affranchir
Du mouvement, du lieu, du temps, du devenir ;Je suis las, rien ne vaut la fatigue de vivre,
Et pas un paradis n’a de bonheur pareil,
Nuit calme, nuit bénie, à ton divin sommeil.
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Louis MÉNARD
Louis-Nicolas Ménard, né à Paris le 19 octobre 1822 et mort à Paris le 9 février 1901, est un écrivain et poète français. Condisciple de Baudelaire au lycée Louis-le-Grand, il entra ensuite à l’École normale. Peu après avoir publié en 1843 un ouvrage intitulé « Prométhée délivré » sous le... [Lire la suite]
Visages multiples
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Visages assemblés, chargés d’indifférence,
Sont-ils une dizaine, ou sont-ils des millions ?
Ni dans la soumission, ni dans la rébellion,
Sereine et méditante est leur intelligence.
Ils choisissent leurs mots sans qu’aucun Pygmalion
Ne leur ait exposé le sens des convenances ;
Ils reposent, conscients de leur impermanence,
Sans dicter de message au moindre tabellion.
Le silence constant les grise et les délivre ;
Au passé, au présent, au lointain avenir
Cette absence de voix peut, certes, convenir.
À leur coeur épargnant la fatigue de vivre,
Ils habitent ces lieux, tous calmes, tous pareils,
Et notre éveil, pour eux, n’est qu’un pauvre sommeil.
Planète Ransomandra
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Cette planète semble un lieu d’indifférence,
Même si les vivants s’y comptent par millions ;
Ces gens qui n’ont jamais connu la rébellion,
N’ont qu’un modeste emploi de leur intelligence.
Aucun ne voudrait être un autre Pygmalion,
Car cela froisserait leur sens des convenances ;
Mais ils sont fort à l’aise avec l’impermanence,
Sans la rivalité, ni la loi du talion.
Nous craignons le trépas dont rien ne nous délivre ;
Ceux-là n’escomptent rien de leur propre avenir,
Inframonde ou néant, tout peut leur convenir.
Planète Ransomandra (suite et fin)
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Leur planète, pourtant, est agréable à vivre,
On peut y admirer des couchers de soleil
Ou rêver de la Terre au cours d’un long sommeil.
Planète Huxleyandra
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Les habitants d’ici sont plein d’extravagance,
Les plus nobles d’entre eux se prennent pour des lions;
Le pouvoir met un terme à chaque rébellion,
Surtout celles des gens de moindre intelligence.
Si parfois l’un d’entre eux se prend pour Pygmalion,
Un mentor le rappelle au sens des convenances ;
Ils trouvent dans le vin des flots d’impermanence
Et la muse parfois leur sert de tabellion.
Quelquefois, l’un d’entre eux du monde se délivre,
Ayant cessé d’avoir des projets d’avenir,
Acceptant sans broncher de se faire bannir.
Leur façon d’exister, c’est tout un art de vivre,
Ils regardent de haut la lune et le soleil
Et n’ouvrent un bouquin que quand ils ont sommeil.
Planète Huxleyandra === avec retouche
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Les habitants d’ici sont pleins d’extravagance,
Les plus nobles d’entre eux se prennent pour des lions;
Le pouvoir met un terme à chaque rébellion,
Surtout celles des gens de moindre intelligence.
Si parfois l’un d’entre eux se prend pour Pygmalion,
Un mentor le rappelle au sens des convenances ;
Ils trouvent dans le vin des flots d’impermanence
Et la muse parfois leur sert de tabellion.
Quelquefois, l’un d’entre eux du monde se délivre,
Ayant cessé d’avoir des projets d’avenir,
Acceptant sans broncher de se faire bannir.
Leur façon d’exister, c’est tout un art de vivre,
Ils regardent de haut la lune et le soleil
Et n’ouvrent un bouquin que quand ils ont sommeil.
Sphère improbable
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Ce vieux griffon possède une sphère qui pense,
Et qui ne parle point, sauf à des taverniers ;
Il la porte avec lui dans un petit panier,
Profitant rarement de son intelligence.
Dans l’hivernale bise ou dans l’air printanier,
Il est accompagné de cette transcendance ;
Il lui fait admirer les fleurs d’impermanence,
Mais elle croit revoir celles de l’an dernier.
La sphère peut mourir, mais elle peut revivre,
Elle qui ne fait point de projets d’avenir
Et qui des jours anciens n’aime rien retenir.
Le tavernier me dit qu’elle n’est jamais ivre,
Mais que parfois son âme a des reflets vermeils,
Et que l’odeur du vin la tire du sommeil.
Lutins qui planent
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Ce sont des lutins voltigeurs,
Quand je les vois, je suis songeur,
Leurs corps traversent l’atmosphère,
Je crois observer des plongeurs.
Lutins sobres
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Ce ne sont pas de gros mangeurs ;
Moins voraces que des rongeurs,
Ce sont les boissons qu'ils préfèrent,
Ce n'est pas un vice majeur.
Voir
https://paysdepoesie.wordpress.com/2016/11/21/visages-multiples/