Le Rendez-vous solitaire
Emprunte aux oiseaux leur auberge
Au feuillage d’ardoise tendre !
Loin des fatigues, ma cycliste,
Qui t’épanouis sur nos berges,
Future fleur comme Narcisse,Tu sembles toi-même t’attendre !
Mais pour que nul gêneur ne vienne
Je nomme la Marne gardienne,
Ô peu chaste, de tes appâts.
La Marne fera les cent pas.Si son eau douce va semblant
Plus douce et plus chaste que d’autres,
Ses désirs pourtant sont les nôtres :
Voir bouillir à l’heure du thé
Que l’on prend en pantalon blanc,
Au soleil, ta virginité !
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Raymond RADIGUET
Raymond Radiguet est un écrivain français, né le 18 juin 1903 à Saint-Maur et mort le 12 décembre 1923 à Paris.
Ainé de sept enfants, il est le fils du dessinateur Maurice Radiguet (1866-1941). Sa mère est Jeanne Marie Louise Tournier (1884-1958).
Après l’école communale, il passe l’examen des bourses et entre au... [Lire la suite]
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... pantalon que tu retires,
c'est pour ne pas le salir.
Sapin solitaire
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Du chemin l’arbre est écarté,
Perdu dans la broussaille épaisse ;
Il est d’une ordinaire espèce,
C’est un végétal sans fierté.
De son sort il est enchanté,
Puisqu’en repos les gens le laissent ;
Aucun bûcheron ne le blesse,
Ce bois n’est guère fréquenté.
Il admire les fleurs nouvelles
Et leur dit qu’il les trouve belles ;
Elles sourient de cet aveu.
La dryade sans artifice
Devant lui, peigne ses cheveux,
Lui proposant ses bons offices.
Tour du reclus
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Logis d’un homme solitaire,
Lequel médite nuit et jour ;
Rêve-t-il encore d’amour ?
On dirait qu’il n’y croit plus guère.
Ce n’est qu’un penseur ordinaire,
Ce vieil habitant de la tour ;
Il ne fait pas de longs discours,
C’est moins fatigant de se taire.
Sobre est le décor de ce lieu,
Sans trop de livres, ça vaut mieux ;
Mais de l’encre jamais tarie.
La flamme répand sa clarté
Qui parfois tremble et qui varie,
Apprivoisant l’obscurité.
Un coin de cosmos écarté,,
Un corps sphérique, sans noblesse ;
Des vivants de plusieurs espèces,
Heureux de leur diversité.
Des oiseaux qui savent chanter,
Des gens qui du chant se repaissent ;
Des gens meurent, d’autres gens naissent,
Plusieurs n’ont rien à raconter.
La planète n’est pas nouvelle
Mais elle est toujours assez belle ;
Plein de choses sont comme on veut.
Nous y vivons sans artifice
En laissant pousser nos cheveux,
À l’abri de tout maléfice.
(titre)
Planète anodine