Le Poisson sans-souci
Le poisson sans-souci
Vous dit bonjour vous dit bonsoir
Ah ! qu’il est doux qu’il est poli
Le poisson sans-souci.Il ne craint pas le mois d’avril
Et tant pis pour le pêcheur
Adieu l’appât adieu le fil
Et le poisson cuit dans le beurre.Quand il prend son apéritif
à Conflans Suresnes ou Charenton
Les remorqueurs brûlant le charbon de Cardiff
Ne dérangeraient pas ce buveur de bon ton.Car il a voyagé dans des tuyaux de plomb
Avant de s’endormir sur des pierres d’évier
Où l’eau des robinets chante pour le bercer
Car il a voyagé aussi dans des flacons
Que les courants portaient vers des rives désertes
Avec l’adieu naufragé à ses amis.Le poisson sans-souci
Qui dit bonjour qui dit bonsoir
Ah ! qu’il est doux et poli
Le poisson sans-souci
Le souci sans souci
Le Poissy sans Soissons
Le saucisson sans poids
Le poisson sans-souci.
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Robert DESNOS
Robert Desnos est un poète français, né le 4 juillet 1900 à Paris et mort du typhus le 8 juin 1945 au camp de concentration de Theresienstadt, en Tchécoslovaquie à peine libéré du joug de l’Allemagne nazie. Autodidacte et rêvant de poésie, Robert Desnos est introduit vers 1920 dans les milieux littéraires modernistes et... [Lire la suite]
Le matheux Piaf-Tonnerre
Vous dit Bonjour et bonne année ;
Ah ! Qu'il a de bonnes manières,
Le matheux Piaf-Tonnerre.
Il ne craint pas les équations
Car il en fait des théorèmes ;
Puis il les offre à la nation
Qui recopie tous ceux qu'elle aime.
Puis il prend son apéritif
Avec des héros littéraires ;
Il en reprend pour le motif
Que cela l'aide à les distraire.
Il a bien voyagé dans les couloirs du rêve ;
La chanson du serpent lui fut chantée par Ève.
Le matheux Piaf-Tonnerre
Qui dit Bonjour et bonne année
Ah ! Qu'il a de bonnes manières,
Le matheux Piaf-Tonnerre,
Ou serait-ce, au contraire :
Mathieu, le Paf-Notaire ?
Poisson Végétal
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Ce poisson végétal, il mûrit en avril,
Il se forme à partir d’une fleur de folie ;
Le soleil caressant sa surface polie
Éveille en ce printemps ses sentiments virils.
Sa tige le maintient à l’abri des périls
Ainsi que sa racine et sa feuille pâlie ;
Jamais du sol natal son coeur ne se délie,
Sol mouvant de la dune ou sol noir du terril.
Que devons-nous penser de cette plante frêle
Qui porte un pareil fruit parmi les herbes grêles ?
Je trouve, quant à moi, qu’elle est de bon aloi ;
Car c’est un végétal qui surgit, par surprise,
Sans penser à demain, sans suivre aucune loi :
Son parfum poissonnier s’envole dans la brise.
Poisson presque insoluble
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Ce poisson connaît bien d’Archimède la loi,
Ne croyez surtout pas qu’il soit analphabète ;
Mais il ne se prend pas non plus pour un poète,
Il n’a rien déclamé pour le concours de Blois.
Il n’est point affamé, quand il a soif, il boit,
Lui qui ne voudrait pas se conduire en ascète ;
Puis il sait courtiser la sirène doucette,
Ce n’est pas étonnant, car il n’est pas de bois.
Tu ne pourras jamais le prendre en un filet,
Même s’il s’en approche, intrépide qu’il est ;
Tu verras seulement son ombre fugitive.
Son noble coeur abrite une crainte furtive :
Si ce robuste corps soudain se défilait ?
Sa chair un peu soluble en serait la fautive.
Merci