Le poète
Avant je circulais dans la vie, un amour
douloureux m’entourait: avant je retenais
une petite page de quartz
en clouant les yeux sur la vie.
J’achetais un peu de bonté, je fréquentais
le marché de la jalousie, je respirais
les eaux les plus sourdes de l’envie,l’inhumaine
hostilité des masques et des êtres.
Le monde où je vivais était marécage marin:
le fleur brusquement, le lis tout à coup
me dévorait dans son frisson d’écume,
et là où je posais le pied mon coeur glissait
vers les dents de l’abîme.
Ainsi naquit ma poésie, à peine
arrachée aux orties, empoignée sur
la solitude comme un châtiment,
ou qui dans le jardin de l’impudeur en éloignait
sa fleur la plus secrète au point de l’enterrer.
Isolé donc comme l’eau noire
qui vit dans ses couloirs profonds,
de main en main, je coulais vers l’esseulement
de chacun, vers la haine quotidienne.
je sus qu’ils vivaient ainsi, en cachant
la moitié des être, comme des poissons
de l’océan le plus étrange, et j’aperçus
la mort dans les boueuses immensités.
La mort qui ouvrait portes et chemins.
La Mort qui se faufilait dans les murs.
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Pablo NERUDA
Pablo Neruda, nom de plume de Ricardo Eliecer Neftalí Reyes Basoalto, est un poète, écrivain, diplomate, homme politique et penseur chilien, né le 12 juillet 1904 à Parral (province de Linares, Chili), mort le 23 septembre 1973 à Santiago du Chili. Sa mère, doña Rosa Basoalto, institutrice, meurt deux mois après sa naissance.... [Lire la suite]
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Bonjour je viens de découvrir votre blog sur ce grand poète qui m'était totalement inconnu, hormis de nom bien entendu, je viens de lire son poème, j'ai beaucoup aimé.
El poeta
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Antes anduve por la vida, en medio
de un amor doloroso: antes retuve
una pequeña página de cuarzo
clavándome los ojos en la vida.
Compré bondad, estuve en el mercado
de la codicia, respiré las aguas
más sordas de la envidia, la inhumana
hostilidad de máscaras y seres.
Viví un mundo de ciénaga marina
en que la flor de pronto, la azucena
me devoraba en su temblor de espuma,
y donde puse el pie resbaló mi alma
hacia las dentaduras del abismo.
Así nació mi poesía, apenas
rescatada de ortigas, empuñada
sobre la soledad como un castigo,
o apartó en el jardín de la impudicia
su más secreta flor hasta enterrarla.
Aislado así como el agua sombría
que vive en sus profundos corredores,
corrí de mano en mano, al aislamiento
de cada ser, al odio cuotidiano,
Supe que así vivían, escondiendo
la mitad de los seres, como peces
del más extraño mar, y en las fangosas
inmensidades encontré la muerte.
La muerte abriendo puertas y caminos.
La muerte deslizándose en los muros.