Le Pin des Landes
On ne voit en passant par les Landes désertes,
Vrai Sahara français, poudré de sable blanc,
Surgir de l’herbe sèche et des flaques d’eaux vertes
D’autre arbre que le pin avec sa plaie au flanc,Car, pour lui dérober ses larmes de résine,
L’homme, avare bourreau de la création,
Qui ne vit qu’aux dépens de ceux qu’il assassine,
Dans son tronc douloureux ouvre un large sillon !Sans regretter son sang qui coule goutte à goutte,
Le pin verse son baume et sa sève qui bout,
Et se tient toujours droit sur le bord de la route,
Comme un soldat blessé qui veut mourir debout.Le poète est ainsi dans les Landes du monde ;
Lorsqu’il est sans blessure, il garde son trésor.
Il faut qu’il ait au coeur une entaille profonde
Pour épancher ses vers, divines larmes d’or !
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Commentaires
- Jeux de plage | Pays de poésie
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Théophile GAUTIER
Pierre Jules Théophile Gautier est un poète, romancier, peintre et critique d’art français, né à Tarbes le 30 août 1811 et mort à Neuilly-sur-Seine le 23 octobre 1872 à 61 ans. Né à Tarbes le 30 août 1811, le tout jeune Théophile garde longtemps « le souvenir des montagnes bleues ». Il a trois ans lorsque sa famille... [Lire la suite]
Cette comparaison ne peut émaner que d'un génie, c'est vraiment étonnant!
Pour ce barde, le monde est une île déserte
Entourée d'une plage au sable toujours blanc,
Couverte d'une jungle aux feuilles toujours vertes,
Sommée d'une montagne aux infertiles flancs.
Le barde, enivré par l'odeur de la résine,
Versifie à propos de la création,
Insultant le destin d'une phrase assassine,
Ne sachant s'arrêter au bout de son sillon.
À la source coulant près de lui goutte à goutte,
Il préfère le vin, comme il dit, pour la route,
Et dit ses dernier vers d'une voix de stentor.
Comme une île déserte il a traité ce monde,
Il tient très fort à toi, solitude profonde,
Au point de t'appeler son unique trésor.
Erratum (fin du premier tercet) "ses derniers vers"
Dans ma friche
---------
Je suis l’hôte discret d’une prairie déserte,
Je m’installe, rêveur, sous un nuage blanc ;
J’ai perdu toute idée de profit ou de perte,
Je vais sans me presser, je n’applique aucun plan.
Je laisse de côté ce qui me déconcerte,
Pourquoi m’y arrêter, je n’en ai pas le temps...
Je n’ai jamais été de ces gens qui dissertent,
Je ne me pris jamais pour un homme important.
Je ne fais presque rien, je regarde et j’écoute
Et je ne tente point de dissiper mes doutes ;
Je crois avoir compris que le silence est d’or.
Comme tout un chacun, je quitterai ce monde,
Ne sombre pas alors dans la peine profonde,
Je sais, dès aujourd’hui,que fragile est mon corps.
Dans ma friche (retouche)
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Je suis l’hôte discret d’une prairie déserte,
Je m’installe, rêveur, sous un nuage blanc ;
J’ai perdu toute idée de profit ou de perte,
Je vais sans me presser, je n’applique aucun plan.
Je laisse de côté ce qui me déconcerte,
Pourquoi m’y arrêter, je n’en ai pas le temps...
Je n’ai jamais été de ces gens qui dissertent,
Je ne me pris jamais pour un homme important.
Je ne fais presque rien, je regarde et j’écoute
Et je ne tente point de dissiper mes doutes ;
Je crois avoir compris que le silence est d’or.
Comme tout un chacun, je quitterai ce monde,
Ne sombre pas alors dans la peine profonde,
Je sais, dès aujourd’hui, que fragile est mon corps.
Voir aussi
https://paysdepoesie.wordpress.com/2013/08/16/quel-genre-de-resine/