Le Nom
Je porte un nom assez… bizarre,
Tu diras : » Ton cas n’est pas rare. »
Oh !… je ne pose pas pour ça,
Du tout… Mais… permettez, Madame,
Je découvre en son anagramme :
‘Amour ingénue’, et puis : ‘Va’ !Si… comme un régiment qu’on place
Sous le feu… je change la face…
De ce nom… drôlement venu,
Dans le feu sacré qui le dore,
Tiens ! regarde… je lis encore :
‘Amour ignée’, et puis : ‘Va, nu’ !Pas une lettre de perdue !
Il avait la tête entendue,
Le parrain qui me le trouva !
Mais ce n’est pas là tout, écoute !
Je lis encor, pour Toi, sans doute :
‘Amour ingénu’, puis : ‘Éva’ !Tu sais… nous ne sommes… peut-être
Les seuls amours… qu’on ait vus naître ;
Il en naît… et meurt tous les jours ;
On en voit sous toutes les formes ;
Et petits, grands… ou même énormes,
Tous les hommes sont des amours.Pourtant… ce nom me prédestine…
À t’aimer, ô ma Valentine !
Ingénument, avec mon corps,
Avec mon coeur, avec mon âme,
À n’adorer que Vous, Madame,
Naturellement, sans efforts.Il m’invite à brûler sans trêve,
Comme le cierge qui s’élève
D’un feu très doux à ressentir,
Comme le Cierge dans l’Église ;
À ne pas garder ma chemise
Et surtout… à ne pas mentir.Et si c’est la mode qu’on nomme
La compagne du nom de l’homme,
J’appellerai ma femme : Éva.
J’ôte ‘É’, je mets ‘lent’, j’ajoute ‘ine’,
Et cela nous fait : ‘Valentine’ !
C’est un nom chic ! et qui me va !Tu vois comme cela s’arrange.
Ce nom, au fond, est moins étrange
Que de prime abord il n’a l’air.
Ses deux majuscules G. N.
Qui font songer à la Géhenne
Semblent les Portes de l’Enfer !Eh, bien !… mes mains ne sont pas fortes,
Mais Moi, je fermerai ces Portes,
Qui ne laisseront plus filtrer
Le moindre rayon de lumière,
Je les fermerai de manière
Qu’on ne puisse jamais entrer.En jouant sur le mot Géhenne,
J’ai, semble-t-il dire, la Haine,
Et je ne l’ai pas à moitié,
Je l’ai, je la tiens, la Maudite !
Je la tiens bien, et toute, et vite,
Je veux l’étrangler sans pitié !Puisque c’est par Elle qu’on souffre,
Qu’elle est la Bête aux yeux de soufre
Qu’elle n’écoute… rien du tout,
Qu’elle ment, la sale mâtine !
Et pour qu’on s’aime en Valentine
D’un bout du monde à l’autre bout.
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Germain NOUVEAU
Germain Marie Bernard Nouveau, né le 31 juillet 1851 à Pourrières (Var) où il est mort le 4 avril 1920, est un poète français. Il est l’aîné des 4 enfants de Félicien Nouveau (1826-1884) et de Marie Silvy (1832-1858). Germain Nouveau perd sa mère alors qu’il n’a que sept ans. Il est élevé par son... [Lire la suite]
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