Le Mousse
Mousse : il est donc marin, ton père ?…
– Pêcheur. Perdu depuis longtemps.
En découchant d’avec ma mère,
Il a couché dans les brisants…Maman lui garde au cimetière
Une tombe – et rien dedans. –
C’est moi son mari sur la terre,
Pour gagner du pain aux enfants.Deux petits. – Alors, sur la plage,
Rien n’est revenu du naufrage ?…
– Son garde-pipe et son sabot…La mère pleure, le dimanche,
Pour repos… Moi : j’ai ma revanche
Quand je serai grand – matelot ! –Baie des Trépassés.
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Tristan CORBIERE
Édouard-Joachim Corbière, dit Tristan Corbière, né le 18 juillet 1845 au manoir de Coat-Congar à Morlaix (Finistère) et mort le 1er mars 1875 à Morlaix, est un poète français. Il est né de l’union d’Édouard Corbière et d’Angélique Aspasie Puyo que 33 ans séparent : à sa naissance, son père est âgé de... [Lire la suite]
Maîtres Étalons
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Un fier cheval était mon père,
Sur ses quatre fers gambadant ;
Je vaux autant que lui, j’espère,
Car mon coeur est des plus ardents.
Notre existence est sans mystère,
Nous ne sommes point des forbans ;
Le soleil brille sur nos terres,
On n’y voit rien de perturbant.
De ce que fut notre lignage,
L’histoire garde un témoignage ;
Nous sommes droits sur nos sabots.
Les juments à la robe blanche
S’en vont danser tous les dimanches ;
Venez, vous trouverez ça beau.
Hippocéros introuvable
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Moi qui n’existe pas, je n’ai donc pas de père,
Je ne sais si je fus dans un rêve d’Adam ;
Mais on va me créer, tout au moins, je l’espère,
Avec une âme forte et des désirs ardents.
Je suis l’hippocéros, entouré de mystère,
J’ai plus ou moins l’aspect d’un étalon fringant ;
Je n’ai pas le projet d’être célibataire,
Je veux tirer parti de mon corps élégant.
Je peux d’une licorne enrichir le lignage,
Et que ma descendance en soit le témoignage,
Eux qui de ma valeur reprendront le flambeau.
Veux-tu prier pour moi, grande licorne blanche ?
Tourneras-tu vers moi tes yeux couleur pervenche ?
Je suis sur le point d’être, il n’est rien de plus beau.
Messire Fringant
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Ce papillon n’a de son père
Nul souvenir, c’est évident ;
Il n’en souffre point, je l’espère,
Pas plus que n’en souffrit Adam.
Son existence est sans mystère,
Il ne fait rien de fatigant ;
Il agit en célibataire,
Il veut qu’on le trouve élégant.
Carl von Linné sait son lignage,
Il en donne un clair témoignage ;
Qu’il dorme en paix dans son tombeau...
Un rayon de lumière blanche
Baigne les dernières pervenches ;
Du Fringant s’éteint le flambeau.
Voir
https://paysdepoesie.wordpress.com/2021/02/04/maitres-etalons/