Poème 'Le métronome' de ATOS

Le métronome

ATOS

Faut-il manquer de jugement
Pour accepter ce que la vie a de méchant!
Faut-il si peu aimer les hommes
Pour trouver cela charmant!

Mon corps m’abandonne,
Il devient métronome.
Les visages deviennent flous, indifférents
Ma chevelure n’est qu’une traîne,
Qui précède le cortège de mes os tous de blanc.

Te souviens de la force de ma voix?
De la puissance de mon désir pour toi?
Te souviens tu de mes mains sur ton ventre?
De mes doigts dans tes cheveux d’encre?

J’étais ma beau,
J’étais puissant,
J’étais… vivant!

«Soyez gentil, soyez patient!
Arrêtez donc de faire l’enfant!»

Je me souviens de ta robe bleue
des nuits d’orage, des airs de jazz.
De la route vers la plage.
Où est la machine pour arrêter le temps?

J’emmerde les hommes en blanc!
Ma vie n’appartient pas à leurs banquiers!
Ils m’embaument et me ponctionnent.
Regarde
Je pue et je tremble,
On me régente, on m’administre!
De la souffrance?
Ils en ont fait une rente!
C’est dans leurs poches qu’il mettent leur génie!

Regarde, je suis maudit!
La preuve : je vieillis!!

La vieillesse n’est qu’une vieille pute
que l’on cache derrière des paravents.

«Soyez heureux, c’est merveilleux
Cent ans c’est le bel âge !»

Approche j’ai oublié de te dire:
J’emmerde aussi les femmes en blanc!
Elles me font mal,
Elles font semblants.
Elles ont des mots qui sentent la pisse.
C’est p’être pour ça que je jaunis…

«Redressez vous, j’vais vous raser!
De la visite! Vous allez être content!»

Tais toi pauvre vilaine!
Moi j’veux pisser sous les étoiles!
J’veux un clop et puis ma blonde!
Moi j’veux qu’elle me dise que je suis beau.

Chienne de mort! Putain de vie!

Ils m’ont cloué sur un rocher!
Moi j’prends mon plaisir dans le vent.
J’veux du vin, ses yeux, et les quais de la Seine,
J’veux qu’on me craigne, pas qu’on me respecte!
Tais toi pauvre donzelle!
Si tu savais comme je l’aime!

Faut-il si peu connaître la Vie pour se réjouir d’avoir cent ans..
Faut-il avoir si peu aimer les hommes pour les aimer chancelants?

J’étais beau,
J’étais puissant
Embrasse moi!
Je suis vivant!

J’emmerde les hommes en blanc!

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