Le jeune homme et la mort
Le long des marbres noirs et des sombres portiques,
Bordant du pâle Hadès les quais silencieux,
L’éphèbe éblouissant et l’espoir dans les yeux
Descend d’un pas léger les trois degrés mystiques.Fort de la calme foi des calmes temps antiques,
Il sait que chez les morts, séjours mystérieux,
Le héros chaste et nu trouve sous d’autres cieux
Les palmes de la stade et les disques rustiques.Aussi la mort pour lui fut douce et passagère ;
Et tandis qu’il descend, comme une ombre légère
La déesse fatale au front pur et voiléVoltigé en l’effleurant du souffle de sa robe.
Et, blanche, lui sourit sous son voile enroulé,
Dont un pli virginal et tremblant la dérobe.
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Jean LORRAIN
Paul Alexandre Martin Duval, dit Jean Lorrain, est un écrivain français à très forte tendance parnassienne, né à Fécamp le 9 août 1855 et mort à Paris le 30 juin 1906.
Jean Lorrain a été l’un des écrivains scandaleux de la Belle Époque, au même titre que Rachilde, Hugues Rebell et Fabrice Delphi. Ses œuvres peuvent... [Lire la suite]
Ce château-là flotte
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Il vogue avec ses tours et ses vastes portiques,
Ayant quitté du port les quais silencieux ;
Les marins à son bord ont l’espoir dans les yeux
Car on leur donnera du bon pinard mystique.
Ils ont la calme foi de leurs parents antiques,
Ils ne craignent jamais le flot mystérieux ;
Ils iront volontiers boire sous d’autres cieux
La bière de Cerbère et le mezcal rustique.
La mort sur leur vaisseau n’est jamais passagère ;
Elle danse sur l’eau, comme une ombre légère,
On dirait une ondine au front pur et voilé.
Elle n’a point de cape, elle n’a point de robe,
Elle a pour drap de lit le grand foc enroulé
Dont le rempart de toile à nos yeux la dérobe.
Le seigneur Microptère
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Je ne me lasse pas d’errer sous les portiques,
M’abritant, quand il pleut, dans les temples sans dieux ;
Les chemins désertés sont plaisants à mes yeux,
Ils sont, pour mes deux pieds, comme un parcours mystique.
Je ne suis pas un roi, je suis un monstre antique,
J’errais quand j’étais jeune et j’erre en étant vieux ;
Je vais de moins en moins marcher sous d’autres cieux,
Je ne m’éloigne plus de mon logis rustique.
Mon coeur vibre parfois d’une joie passagère ;
Dans l’ensemble, ça va, la vie me fut légère,
J’aimais m’en émouvoir sous le ciel étoilé.
D’une muse le vent fait palpiter la robe,
Évoquant des secrets maintes fois dévoilés ;
Je ne poursuivrai point, la suite se dérobe.
Presque aptère
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Oiseau non volant,
Tes repas sont tes plaisirs
Et c'est mieux que rien.