Le Jeu de construction
à Raymond Roussel.
L’homme s’enfuit, le cheval tombe,
La porte ne peut pas s’ouvrir,
L’oiseau se tait, creusez sa tombe,
Le silence le fait mourir.Un papillon sur une branche
Attend patiemment l’hiver,
Son cœur est lourd, la branche penche,
La branche se plie comme un ver.Pourquoi pleurer la fleur séchée
Et pourquoi pleurer les lilas ?
Pourquoi pleurer la rose d’ambre ?Pourquoi pleurer la pensée tendre ?
Pourquoi chercher la fleur cachée
Si l’on n’a pas de récompense ?— Mais pour ça, ça et ça.
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Paul ÉLUARD
Paul Éluard, de son vrai nom Eugène Émile Paul Grindel (14 décembre 1895 à Saint-Denis – 18 novembre 1952 à Charenton-le-Pont ), est un poète français. C’est à l’âge de vingt et un ans qu’il choisit le nom de Paul Éluard, hérité de sa grand-mère, Félicie. Il adhère au dadaïsme et est l’un des... [Lire la suite]
Sous les rafales
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Un ermite contemple une branche qui tombe,
Bois mort qu'ont détaché les rafales d'hiver ;
Le vent a dispersé les ornements des tombes
Et fait trembler sur pied les cyprès toujours verts.
Le vieillard se promène, arrosé par les trombes ;
Il a si souvent vu s'agiter l'univers
Qu'à des effrois communs, rarement, il succombe,
C'est doux d'aller au vent, quand on est bien couvert.
Le cimetière exhale une odeur de forêt ;
Presque aucun visiteur aujourd'hui n'y paraît,
Au milieu d'une allée danse une fleur séchée.
-- Tu n'es pas à l'auberge, avec ce mauvais temps ?
-- Je préfère être ici ; mais je boirai pourtant
La bouteille qu'auprès d'un tombeau j'ai cachée.
La chute d’une branche
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Sous la rafale noire, une branche qui tombe,
La fleur périt avant que survienne l’hiver ;
Le promeneur alors songe à sa propre tombe
Même si, près de lui, les feuillages sont verts.
Un jour il ne pleut pas, plus tard vient une trombe,
Tout cela ne saurait déranger l’univers ;
Mais nous devons pleurer sur la vie qui succombe,
Sur le corps refroidi, d’un linceul recouvert.
Les croix du cimetière, une grise forêt,
Le soleil comme ailleurs y passe, et disparaît ;
Par-dessus les tombeaux dorment des fleurs séchées.
C’est le prix à payer pour traverser le temps,
Mais nul ne portera son propre deuil, pourtant ;
Mort, nous te préférons quand tu restes cachée.
Danse avec les démons des sables
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Au désert fut un ermite
Reclus comme en un tombeau ;
Ce que ces lieux ont de beau,
C’est l’horizon sans limite.
Un démon (rien de nouveau)
Vient, qui à pécher l’incite ;
Ce moine un mantra récite
Comme font quelques dévots.
Le corps du démon s’enflamme,
La musique emplit son âme ;
Puis il se met à sauter.
En un danseur il se change,
Il devient pareil aux anges ;
Tu peux l’entendre chanter.