Le Glas intérieur
Comme autrefois pâle et serein
Je vis, du moins on peut le croire,
Car sous ma redingote noire
J’ai boutonné mon noir chagrin.
Sans qu’un mot de mes lèvres sorte,
Ma peine en moi pleure tout bas ;
Et toujours sonne comme un glas
Cette phrase : Ta mère est morte !Au bois de Boulogne on me voit,
Comme un dandy que rien n’occupe,
Suivre à cheval un pli de jupe
Sous l’ombre du sentier étroit.
Même quand le galop m’emporte,
Ma peine vole sur mes pas,
Et toujours sonne comme un glas
Cette phrase : Ta mère est morte !À l’Opéra, comme autrefois,
Je tiens au bout de ma lorgnette
La Carlotta qui pirouette
Ou Duprez qui poursuit sa voix.
À la musique douce ou forte
Ma peine mêle son hélas !
Et toujours sonne comme un glas
Cette phrase : Ta mère est morte !1848
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Théophile GAUTIER
Pierre Jules Théophile Gautier est un poète, romancier, peintre et critique d’art français, né à Tarbes le 30 août 1811 et mort à Neuilly-sur-Seine le 23 octobre 1872 à 61 ans. Né à Tarbes le 30 août 1811, le tout jeune Théophile garde longtemps « le souvenir des montagnes bleues ». Il a trois ans lorsque sa famille... [Lire la suite]
- J'ai laissé de mon sein de neige
- À Claudius Popelin (Sonnet II)
- Les Deux Âges
- La Mort dans la vie - Chapitre 5
- Albertus, 13 - CXXI à CXXII
- Montée sur le Brocken
- Oui, Forster, j'admirais ton oreille...
- En allant à la Chartreuse de Miraflorès
- La Mort dans la vie - Chapitre 8
- Vous ne connaissez pas les molles...
Commentaires
Aucun commentaire
Rédiger un commentaire