Poème 'Le garde-meubles' de ATOS

Le garde-meubles

ATOS

Nous sommes tous des commodes,
De jolis meubles aux tiroirs secrets.
Avec nos façades stratifiées
On a le fond en aggloméré.
De bon marché ou de facture soignée,
Marquetés, estampillés
et parfois même signés,
On est tous de la même veine,
De la même essence,
De la même forêt.

Des racines jusqu’à la cime
De l’écorce jusqu’à l’aubier
On rêve tous de canopée.
C’est un incroyable élan
Qui nous a donner la force de germer.
Il n’ y a que le vent qui peut nous faire plier.
On a tous répondu à l’appel de la forêt.

Alors tout un monde est en silence
Lorsqu’un arbre vient à tomber..

Et de gaïac en palissandre,
D’ ébène en amarante,
On y perd tous quelques copeaux,
Un peu de sciure sur le rabot.
On se fait plaquer et puis coller
On se patine, on se déforme,
On nous étuve, et on nous râpe ,
On se dilate, et on se fend,
On s’ fait traiter, on s’ fait greffer.
On s ‘fait trainer et déplacer.
On nous remplit, et on se vide,
Et quelques fois en on perd ses clés.

Un coup de varlope sur les planches
De bons tenons, de belles mortaises
Un beau vernis pour se lustrer
Un coup d’ chiffon sur le plateau
Et nous voilà remis sur le marché.

On se craquelle,
On s’ fait laquer,
Mais dans le fond,
On a tous garder l’odeur de la forêt.

Du Chiffonnier, au semainier
De la bergère à l’ indiscret
Du bonheur du jour
Au placard à balai,
Un jour qui en vaut bien un autre,
On se met subitement à grincer.
On sait bien ce qui nous fera flamber.

De la chambre puis au grenier,
De la brocante au petit bois de cheminée,
On a toujours garder la même sève,
On est tous des enfants de la forêt.

Nous sommes tous des commodes,
De jolis meubles aux tiroirs secrets.

Poème préféré des membres

Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

Aucun commentaire

Rédiger un commentaire

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS