Poème 'Le Florentin' de Jean RICHEPIN dans 'Les Blasphèmes'

Le Florentin

Jean RICHEPIN
Recueil : "Les Blasphèmes"

Je suis poète, peintre et sculpteur, et sans trêve
Je cherche la Beauté qui fuit devant mes yeux.
Dans la couleur, le marbre et les mots précieux
J’emprisonne, pour la fixer, sa splendeur brève.

Le monde est une ébauche et c’est moi qui l’achève.
N’est-ce pas moi qui fais, ou forts ou gracieux,
Visibles sur la terre et presque dans les cieux,
Ces Dieux qui ne sont pas, sinon quand je les rêve?

Moi qui chante leur gloire et montre leur portrait,
Je n’aurais qu’à cesser, le monde apparaîtrait
Comme un chaos informe, obscur, sans harmonie,

Mais j’aime mieux ne pas causer un tel émoi.
Il me plaît de créer ces Êtres que je nie;
Car, en les adorant, on n’adore que moi.

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Commentaires

  1. Interprète
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    L'univers produit, sans trêve,
    Des chefs-d'oeuvre fabuleux,
    Des spectacles nébuleux,
    Des accès de splendeur brève ;

    Un artiste les relève
    De son trait miraculeux
    Et parfois méticuleux,
    Guidé par d'étranges rêves.

    S'il n'en faisait le portrait,
    Que saurions-nous des attraits
    Ou de la belle harmonie

    Du Cosmos et de sa loi ?
    Artiste, nul ne le nie,
    Nous en jouissons grâce à toi.

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