Le fils du Titien
Lorsque j’ai lu Pétrarque, étant encore enfant,
J’ai souhaité d’avoir quelque gloire en partage.
Il aimait en poète et chantait en amant ;
De la langue des dieux lui seul sut faire usage.Lui seul eut le secret de saisir au passage
Les battements du coeur qui durent un moment,
Et, riche d’un sourire, il en gravait l’image
Du bout d’un stylet d’or sur un pur diamant.O vous qui m’adressez une parole amie,
Qui l’écriviez hier et l’oublierez demain,
Souvenez-vous de moi qui vous en remercie.J’ai le coeur de Pétrarque et n’ai point son génie ;
Je ne puis ici-bas que donner en chemin
Ma main à qui m’appelle, à qui m’aime ma vie.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Alfred de MUSSET
Alfred de Musset (né à Paris le 11 décembre 1810 et mort également à Paris le 2 mai 1857) est un poète et un dramaturge français de la période romantique. Lycéen brillant, Alfred de Musset abandonne vite ses études supérieures pour se consacrer à littérature à partir de 1828-1829. Dès l’âge de 17 ans, il fréquente... [Lire la suite]
Mon esprit est fragile, et n'est jamais très clair,
S'il parvient à penser, c'est un peu par magie.
Mais il est éclairé par Dame Poésie
Et par la poésie de mes amis très chers.
Il danse avec les mots ; ils lui sont une chair
Qui dans ses mouvements la pesanteur défie.
S'il vibre certains jours d'une émotion qui crie,
Il la traduit en verbe au rythme des éclairs.
Et puis il se repose en lisant les sonnets
Produits, ici et là, par les gens qu'il connaît.
Ils sont doux à son coeur comme des airs de flûte.
Même, quand il parvient au deuxième tercet,
Il s'étonne, il se dit : « Ma foi, je ne pensais
Pas rencontrer ici ce vers-là comme chute ».
Ambicoq de gueules
------------
Ses femmes sont dix-sept, il a trois cents enfants
Entre lesquels il fait d’équitables partages ;
Lui qui ne se prend point pour un dieu triomphant,
Il veille sur les biens qu’il eut en héritage.
Tu peux le voir, à l’aube, errer dans le bocage
Auprès de la perdrix dont il devint l’amant ;
Il aime aussi la friche et le grand marécage
Où sont Dame Grenouille et Messire Flamant.
Il arbore un blason, la basse-cour l’admire,
On a fait son portrait sur un blanc parchemin ;
Les dames du canton l’appellent « Noble Sire ».
À la fin, voudra-t-il vivre comme un ermite ?
Cela peut arriver, mais ce n’est pas demain ;
De plus, il peut aussi finir à la marmite.