Le démoniaque
Ai-je sucé les sucs d’innomés magistères
Quel succube au pied bot m’a-t-il donc envoûté ?
Oh ! ne l’être plus, oh ! ne l’avoir pas été !
Suc maléfique, ô magistères délétères !Point d’holocauste offert sur les autels des Tyrs,
Point d’âpres cauchemars, d’affres épileptiques !
Seuls les rêves pareils aux ciels clairs des triptyques,
Seuls les désirs nimbés du halo des martyrs !Qui me rendra jamais l’Hermine primitive,
Et le Lys virginal, et la sainte Forêt
Où, dans le chant des luths, Viviane apparaît
Versant les philtres de sa lèvre fugitive !Hélas ! hélas ! au fond de l’Érèbe épaissi,
J’entends râler mon coeur criblé comme une cible.
- Viendra-t-on te briser, sortilège invincible ? -
Hâte-toi, hâte-toi, bon Devin, car voiciQue l’Automne se met à secouer les Roses,
Et que les joueurs rieurs s’effacent au lointain ;
Et qu’il va s’éteignant le suave Matin :
- Et demain, c’est trop tard pour les Métamorphoses !
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Jean MORÉAS
Ioánnis A. Papadiamantópoulos (en grec : Ιωάννης Α. Παπαδιαμαντόπουλος), dit Jean Moréas, né à Athènes le 15 avril 1856 et mort à Saint-Mandé (Seine) le 30 avril 1910, est un poète symboliste grec d’expression française. Issu d’ une famille distinguée d’ Athènes, fils de magistrat,... [Lire la suite]
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