Le coucher du soleil romantique
Que le soleil est beau quand tout frais il se lève,
Comme une explosion nous lançant son bonjour !
- Bienheureux celui-là qui peut avec amour
Saluer son coucher plus glorieux qu’un rêve !Je me souviens ! J’ai vu tout, fleur, source, sillon,
Se pâmer sous son oeil comme un coeur qui palpite…
- Courons vers l’horizon, il est tard, courons vite,
Pour attraper au moins un oblique rayon !Mais je poursuis en vain le Dieu qui se retire ;
L’irrésistible Nuit établit son empire,
Noire, humide, funeste et pleine de frissons ;Une odeur de tombeau dans les ténèbres nage,
Et mon pied peureux froisse, au bord du marécage,
Des crapauds imprévus et de froids limaçons.
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Charles BAUDELAIRE
Charles Pierre Baudelaire est un poète français, né à Paris le 9 avril 1821 et mort le 31 août 1867 à Paris. Il est l’un des poètes les plus célèbres du XIXe siècle : en incluant la modernité comme motif poétique, il a rompu avec l’esthétique classique ; il est aussi celui qui a popularisé le poème en... [Lire la suite]
Un très beau poème. Le coucher et le lever du soleil sont magnifiques.Le soleil de Baudelaire est romantique parce qu'il se vivifie toujours. Le soleil est toujours beau et chaud. Le soleil dans"Les Fleurs du mal": "Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées!/ Que l'espace est profond ! que le coeur est puissant."
Dêva KOUMARANE
Noble philosophe
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Ce cheval autrefois fut de Platon l’élève,
Dont il redit les mots, la nuit comme le jour ;
De Socrate il connaît aussi bien les discours,
Il peut les présenter sous une forme brève.
Il passe désormais un aimable séjour
En un couvent tenu par quelques filles d’Ève ;
Il est le confident de Sainte Geneviève,
Dont la chambre est perchée au sommet d’une tour.
Ce cheval a vécu le meilleur et le pire,
Lui qui vit s’écrouler plus d’un puissant empire,
Ce qui d’un grand orgueil fut la juste rançon.
Il marche doucement de la cour à l’herbage ;
Un grand détachement, tel est son apanage,
Et, certains jours, l’écho d’une antique chanson.
Voir
https://paysdepoesie.wordpress.com/2021/06/17/noble-philosophe/
Tour minimaliste
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Cette tour au Ponant modestement s’élève,
Je la vois rosissant aux derniers feux du jour ;
Des arbres merveilleux poussent aux alentours,
Il est doux de flâner dans ce décor de rêve.
D’un poète latin ce lieu fut le séjour,
Dont j’aime réciter deux ou trois strophes brèves ;
Au long des nuits d’hiver il écrivait sans trêve,
Mais sans jamais se perdre en de trop longs discours.
Il narre le meilleur, il raconte le pire,
Évoquant la naissance et la fin des empires ;
Or, tout ce qu’il en pense, il le dit sans façon.
L’amour est le sujet de ses plus belles pages,
Avec délectation, je les lis sur la plage ;
C’est beau comme un sonnet, beau comme une chanson.
Fleurs du scribe
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Paresseux est ce plumitif,
Son jardin reste improductif ;
Cependant quelques fleurs sauvages
Forment un élégant motif.
Jour et nuit
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Un clair soleil se lève,
C'est le début du jour ;
Le scribe dans sa tour
Transcrit les mots d'un rêve.
L'astre suit son parcours,
Sans pauses, même brèves ;
Il chemine sans trêve,
En allant au plus court.
Survolant son empire,
Il passe, il nous inspire,
Sans donner de leçons.
Puis l'ombre se propage,
Nous tournons une page ;
Nous nous assoupissons.
Tour précaire
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Une fragile tour s’élève
Dans la grise lueur du jour ;
C’est un bien modeste séjour,
Ce n’est pas un palais de rêve.
Sur la pierre le lierre court,
Qui jamais n’est à court de sève ;
Tu le verras verdir sans trêve
Comme si c’était pour toujours.
Ici fut jadis un empire
Régi par de très nobles sires ;
Les diables savent où ils sont.
L’Histoire est faite de ratages,
C’est un poème en mille pages
Qui finit en queue de poisson.