Le couchant adoucit le sourire du ciel
Le couchant adoucit le sourire du ciel.
La nuit vient gravement, ainsi qu’une prêtresse.
La brise a déroulé, d’un geste de caresse,
Tes cheveux aux blondeurs de maïs et de miel.Tes lèvres ont gardé le pli de la parole
Dont mon rêve attentif s’est longtemps enchanté.
Une voix de souffrance a longtemps sangloté
Dans l’ombre d’où l’encens des fleurs blanches s’envole.Ta robe a des frissons de festins somptueux,
Et, sous la majesté de la noble parure,
Fleurit, enveloppé d’haleines de luxure,
Lys profane, ton corps pâle et voluptueux.Ta prunelle aux bleus frais s’alanguit et se pâme.
Je vois, dans tes regards pareils aux tristes cieux,
Dans cette pureté dernière de tes yeux,
La forme endolorie et lasse de ton âme.Là-bas s’apaise enfin l’essaim d’or des guêpiers…
Parmi les chants vaincus et les splendeurs éteintes,
Tu frôles sans les voir les frêles hyacinthes
Qui se meurent d’amour, ayant touché tes pieds.
Renée VIVIEN
Renée Vivien, née Pauline Mary Tarn le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 à Paris, surnommée « Sapho 1900 », est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque. Renée Vivien était la fille d’une mère américaine et d’un père britannique fortuné qui mourut en 1886,... [Lire la suite]
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