Le Convoi du pauvre
Paris, le 30 avril 1873,
Rue Notre Dame-de Lorette.Ça monte et c’est lourd – Allons, Hue !
– Frères de renfort, votre main ?…
C’est trop !… et je fais le gamin ;
C’est mon Calvaire cette rue !Depuis Notre-Dame-Lorette…
– Allons ! la Cayenne est au bout,
Frère ! du cœur ! encor un coup !…
– Mais mon âme est dans la charrette :Corbillard dur à fendre l’âme.
Vers en bas l’attire un aimant ;
Et du piteux enterrement
Rit la Lorette notre dame…C’est bien ça – Splendeur et misère ! –
Sous le voile en trous a brilléUn bout du tréteau funéraire ;
Cadre d’or riche… et pas payé.La pente est âpre, tout de même,
Et les stations sont des fours,
Au tableau remontant le cours
De l’Élysée à la Bohème…– Oui, camarade, il faut qu’on sue
Après son harnais et son art !…
Après les ailes : le brancard !
Vivre notre métier – ça tue…Tués l’idéal et le râble !
Hue !… Et le cœur dans le talon !
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
– Salut au convoi misérable
Du peintre écrémé du Salon !– Parmi les martyrs ça te range ;
C’est prononcé comme l’arrêt
De Rafaël, peintre au nom d’ange,
Par le Peintre au nom de… courbet !
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Tristan CORBIERE
Édouard-Joachim Corbière, dit Tristan Corbière, né le 18 juillet 1845 au manoir de Coat-Congar à Morlaix (Finistère) et mort le 1er mars 1875 à Morlaix, est un poète français. Il est né de l’union d’Édouard Corbière et d’Angélique Aspasie Puyo que 33 ans séparent : à sa naissance, son père est âgé de... [Lire la suite]
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