Le Cierge
C’est du séjour des Dieux que les Abeilles viennent.
Les premières, dit-on, s’en allèrent loger
Au mont Hymette, et se gorger
Des trésors qu’en ce lieu les zéphirs entretiennent.
Quand on eut des palais de ces filles du Ciel
Enlevé l’ambroisie en leurs chambres enclose,
Ou, pour dire en Français la chose,
Après que les ruches sans miel
N’eurent plus que la Cire, on fit mainte bougie ;
Maint Cierge aussi fut façonné.
Un d’eux voyant la terre en brique au feu durcie
Vaincre l’effort des ans, il eut la même envie ;
Et, nouvel Empédocle aux flammes condamné,
Par sa propre et pure folie,
Il se lança dedans. Ce fut mal raisonné ;
Ce Cierge ne savait grain de Philosophie.
Tout en tout est divers : ôtez-vous de l’esprit
Qu’aucun être ait été composé sur le vôtre.
L’Empédocle de Cire au brasier se fondit :
Il n’était pas plus fou que l’autre.
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Cierge de gueules
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https://paysdepoesie.wordpress.com/2015/11/13/cierge-de-gueules/
On brûle un cierge rouge à l’attention des cieux ;
Par sa grande vertu, la Terre est habitable,
Quand il est consumé, revient le moine pieux
Qui en allume un autre, aussi considérable.
Quel trésor, quel joyau, cette flamme, à nos yeux !
Ainsi sont abolis nos doutes misérables,
Ainsi sont embellis de si modestes lieux ;
Et tout cela, vraiment, pour un prix raisonnable.
La flamme nous annonce un charmant avenir,
Des jours de bonne humeur qui ne sauraient finir,
Surmontant du destin les assauts les plus rudes.
Surtout, nous échappons au principal poison,
Car, pour brûler un cierge, il ne faut ni raison,
Ni labeur de l’esprit, ni goût pour les études.