Le Chêne et le Roseau
Le Chêne un jour dit au Roseau :
« Vous avez bien sujet d’accuser la Nature ;
Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.
Le moindre vent, qui d’aventure
Fait rider la face de l’eau,
Vous oblige à baisser la tête :
Cependant que mon front, au Caucase pareil,
Non content d’arrêter les rayons du soleil,
Brave l’effort de la tempête.
Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphyr.
Encor si vous naissiez à l’abri du feuillage
Dont je couvre le voisinage,
Vous n’auriez pas tant à souffrir :
Je vous défendrais de l’orage ;
Mais vous naissez le plus souvent
Sur les humides bords des Royaumes du vent.
La nature envers vous me semble bien injuste.
- Votre compassion, lui répondit l’Arbuste,
Part d’un bon naturel ; mais quittez ce souci.
Les vents me sont moins qu’à vous redoutables.
Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu’ici
Contre leurs coups épouvantables
Résisté sans courber le dos ;
Mais attendons la fin. « Comme il disait ces mots,
Du bout de l’horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants
Que le Nord eût portés jusque-là dans ses flancs.
L’Arbre tient bon ; le Roseau plie.
Le vent redouble ses efforts,
Et fait si bien qu’il déracine
Celui de qui la tête au Ciel était voisine
Et dont les pieds touchaient à l’Empire des Morts.
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Jean de LA FONTAINE
Jean de La Fontaine, né le 8 juillet 1621 à Château-Thierry, est un poète français de la période classique dont l’histoire littéraire retient essentiellement « les Fables » et dans une moindre mesure les contes licencieux. On lui doit cependant des poèmes divers, des pièces de théâtre et des livrets... [Lire la suite]
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Le chêne et le roseau sont rarement d'accord.
Ils n'ont pas le même art d'aborder les ruptures,
Ni la même présence au sein de la nature,
Aussi, chacun à l'autre a toujours donné tort.
Le vagabond qui va, ramassant du bois mort,
Sait que du chêne il peut tirer la flamme pure
D'un feu qui le réchauffe et toute la nuit dure;
Il faut que le roseau soit enflammé d'abord.
Voilà ces ennemis rendus complémentaires,
Leurs cendres, cependant, n'en ont plus rien à faire,
N'entendant déjà plus les propos des oiseaux.
Toi, le plus vaillant arbre à la robuste tige,
Et toi, brave pipeau de fort peu de prestige,
La terre vous attend, chêne comme roseau.
aux raisons d'un roseau
un jour de vent dans un rond-point
le grand chêne se plia
Je pense que ce poème s'adresse à nous les hommes d'aujourd'hui qui, loin de cultiver l'esprit de solidarité, s'acharnons à exhiber nos différences;sources de nos conflits et de tous nos maux sociaux. Rappelons-nous que le maître a besoin du service de l'esclave pour être un homme libre.
Voir
https://paysdepoesie.wordpress.com/2013/07/21/cendres-de-chene-et-cendres-de-roseau/