Le centenaire
Près du laboureur poitrinaire,
Devant sa porte, au jour tombant,
Est venu s’asseoir sur son banc
Le patriarche centenaire.Et, comme le gars se désole,
Dit qu’on va bientôt l’enterrer,
L’ancêtre, pour le rassurer,
Lui répond : » T’es jeun’, ça m’console.Ton temps est pas v’nu d’dire adieu
A tout’ les bell’ choses de la vie.
L’soleil, l’air, te r’mettront ; j’me fie
A ces grands méd’cins du bon Dieu.L’hiver, l’arbre est en maladie,
I’ n’a plus d’oiseaux ni d’couleurs,
Mais, i’ r’prend ses musiq’, ses fleurs :
C’n'est que d’la nature engourdie.Et puis, pour les tiens, d’si brav’ gens,
Qui sont pas avancés d’argent,
Faut q’tu viv’ ! t’es utile encor.Tandis q’moi, tant d’âg’ me suffit.
Maint’nant, plus à charg’ qu’à profit,
J’suis assez vieux pour faire un mort ! «
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Maurice ROLLINAT
Maurice Rollinat, né à Châteauroux (Indre) le 29 décembre 1846 et mort à Ivry-sur-Seine le 26 octobre 1903, est un poète français. Son père, François Rollinat, était député de l’Indre à l’Assemblée constituante en 1848 et fut un grand ami de George Sand. Issu d’un milieu cultivé, Rollinat se met très... [Lire la suite]
Commentaires
Aucun commentaire
Rédiger un commentaire