Le cadre
Comme un beau cadre ajoute à la peinture,
Bien qu’elle soit d’un pinceau très vanté,
Je ne sais quoi d’étrange et d’enchanté
En l’isolant de l’immense nature,Ainsi bijoux, meubles, métaux, dorure,
S’adaptaient juste à sa rare beauté ;
Rien n’offusquait sa parfaite clarté,
Et tout semblait lui servir de bordure.Même on eût dit parfois qu’elle croyait
Que tout voulait l’aimer ; elle noyait
Sa nudité voluptueusementDans les baisers du satin et du linge,
Et lente ou brusque, à chaque mouvement
Montrait la grâce enfantine du singe.
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Charles BAUDELAIRE
Charles Pierre Baudelaire est un poète français, né à Paris le 9 avril 1821 et mort le 31 août 1867 à Paris. Il est l’un des poètes les plus célèbres du XIXe siècle : en incluant la modernité comme motif poétique, il a rompu avec l’esthétique classique ; il est aussi celui qui a popularisé le poème en... [Lire la suite]
L’oie de gueules
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De cette oie rouge on fit belle peinture,
Ce dont l’auteur vivement fut vanté ;
Car il peignit un plumage enchanté
Dont, sûrement, jalouse est la nature.
À tel écu n’est besoin de dorure,
Contentons-nous de sa sobre beauté ;
Rien ne vaudra sa parfaite clarté,
Ces quelques vers lui servent de bordure.
L’oie fut magique, à ce que l’on croyait,
Et le chagrin du monde elle noyait
D’incantations dites bien savamment.
Non, ce n’est pas une volaille lourde,
Très élégants sont tous ses mouvements ;
Quant à l’humour, elle n’y est pas sourde.