Le cabinet de toilette
Voici le cabinet charmant
où les grâces font leur toilette.
Dans cette amoureuse retraite
j’ éprouve un doux saisissement.
Tout m’ y rappelle ma maîtresse,
tout m’ y parle de ses attraits,
je crois l’ entendre, et mon ivresse
la revoit dans tous les objets.
Ce bouquet, dont l’ éclat s’ efface,
toucha l’ albâtre de son sein ;
il se dérangea sous ma main,
et mes lèvres prirent sa place.
Ce chapeau, ces rubans, ces fleurs,
qui formoient hier sa parure,
de sa flottante chevelure
conservent les douces odeurs.
Voici l’ inutile baleine
où ses charmes sont en prison.
J’ aperçois le soulier mignon
que son pied remplira sans peine.
Ce lin, ce dernier vêtement…
il a couvert tout ce que j’ aime ;
ma bouche s’ y colle ardemment,
et croit baiser dans ce moment
les attraits qu’ il baisa lui-même.
Cet asile mystérieux
de Vénus sans doute est l’ empire.
Le jour n’ y blesse point mes yeux ;
plus tendrement mon cœur soupire ;
l’ air et les parfums qu’ on respire
de l’ amour allument les feux.
Parois, ô maîtresse adorée !
J’ entends sonner l’ heure sacrée
qui nous ramène les plaisirs ;
du temps viens connaître l’ usage,
et redoubler tous les désirs
qu’ a fait naître ta seule image.
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Evariste de PARNY
Évariste Désiré de Forges, chevalier puis vicomte de Parny, est un poète français né le 6 février 1753 à Saint-Paul de l’île Bourbon et mort le 5 décembre 1814 à Paris. Né en 1753 à L’Hermitage de Saint-Paul, Évariste de Parny est issu d’une famille originaire du Berry, installée en 1698 à l’île... [Lire la suite]
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