L’autre jour, inspiré d’une divine flamme…
L’autre jour, inspiré d’une divine flamme,
J’entrai dedans un temple où, tout religieux,
Examinant de près mes actes vicieux,
Un repentir profond fit respirer mon âme.Tandis qu’à mon secours tous les dieux je réclame,
Je vois venir Philis; quand j’aperçus ses yeux,
Je m’écriai tout haut: Ce sont ici mes dieux,
Ce temple, cet autel appartient à ma Dame.Les dieux, injurieux de ce crime d’amour,
Conspirent par vengeance à me ravir le jour;
Mais que sans plus tarder leur flamme me confonde!O mort, quand tu voudras je suis prêt à partir;
Car je suis assuré que je mourrai martyr
Pour avoir adoré le plus bel oeil du monde.
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Théophile de VIAU
Théophile de Viau, né entre mars et mai 1590 à Clairac et mort le 25 septembre 1626 à Paris, est un poète et dramaturge français. Poète le plus lu au XVIIe siècle, il sera oublié suite aux critiques des Classiques, avant d’être redécouvert par Théophile Gautier. Depuis le XXe siècle, Théophile de Viau est défini... [Lire la suite]
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Dieu d’Armorique
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Le dieu de l’Armorique est un bélier de flamme ;
Il possède son temple, on ne sait en quel lieu.
Les druides du passé, qui le connaissaient mieux,
Lui adressaient des mots venus du fond de l’âme.
C’est un être discret, lui qui rien ne réclame,
Tous nos agissements trouvent grâce à ses yeux ;
Je le trouve amusant, ce très modeste dieu
Qui semble plaire aussi à plusieurs nobles dames.
Bélier naïf et pur, il ignore l’amour,
Bien moins entreprenant que l’auteur de ses jours ;
Avec Priape il faut que nul ne le confonde.
Vers le sombre inframonde il est prêt à partir
Sans jamais revêtir la robe de martyr ;
Peut-être est-ce le dieu le plus sage du monde.
C'est le Maître des Flammes,
Unique sous les cieux ;
Il est fort, il est vieux,
Il ausculte les âmes.
Il se veut zérogame,
C'est rare pour un dieu ;
Donc, jamais dans son pieu
Ne se trouve une dame.
Jamais un brin de cour,
Jamais un mot d'amour,
Solitude profonde...
« Il pourrait, sans mentir,
Un jour s'en repentir »
Dit la prêtresse blonde.
(le titre)
Criocéphale
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* * *
Bélier de Jeanne d’Arc
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Ma bergère affronta les flammes,
Et s’en attristèrent les cieux ;
En pleurèrent jeunes et vieux,
Dont elle avait séduit les âmes.
Quand on m’a raconté ce drame,
Je me mis à douter de Dieu,
Il aurait pu la garder mieux ;
Nous regretterons cette dame.
Et notre monarque en sa cour ?
Au lieu d’aller à son secours,
Il drague une marquise blonde.
Ils l’ont mise au rang des martyrs,
Mais ils devront s’en repentir,
Ils brûleront en inframonde.