L’Aumonyme
À André Breton
21 heures, le 26.11.1922
En attendant Breton
en nattant l’attente
Sous quelle tente ?
nos tantes
ont elles engendré
les neveux silencieux
que nul ne veut sous les cieux
appeler ses cousins
en nattant les cheveux du silence ?
six lances
percent mes pensées en attendant
Breton* * *
À Benjamin Péret
Notre paire quiète, ô yeux !
que votre « non » soit sang (t’y fier ?)
que votre araignée rie,
que votre vol honteux soit fête (au fait)
Sur la terre (commotion).Donnez-nous, aux joues réduites,
notre pain quotidien.
Part, donnez-nous, de nos œufs foncés
comme nous part donnons
à ceux qui nous ont offensés.
Nounou laissez-nous succomber à la tentation
et d’aile ivrez nous du mal.* * *
Exhausser ma pensée
Exaucer ma voix.* * *
Prisonnier des syllabes …
* * *
* Cataracte des flots
* * *
Les moules des mers
aux moules des mères
empruntent leur forme d’œil.
Homme — houle d’aimer.* * *
Ail de ton œil,
je t’aime à cause de cela.* * *
Nos tâches tachent
tour à tour
les tours
d’alentours.* * *
Vers quel verre, œil vert, diriges-tu tes regards chaussés de vair ?
* * *
Maître des pals, ô mâle !
le mal ne rend pas ta face plus pâle ;
que les opales fassent naître dans tes malles
des cours d’eau.
Mais ils seront si courts
que les chanteurs des cours,
baissant le dos, perdront le do.
Ah ! cours, maître du mal et du pal.
Il n’y a pas de mètre pour mesurer ta vie
{ }
{ ton } ta
{ l’âme sûre de la vie { }
ni de malle pour mettre {
{ et la mesure de l’envie.* * *
Plutôt se perdre aux pins,
s’éprendre des yeux peints,
que de gagner son pain
où les fleuves vont s’épandre* * *
Mords le mors de la mort Maure silencieux
Cils ! aux cieux
dérobez nos yeuxNon, nous n’avons pas de nom.
* * *
Plus que la nuit nue
la femme vient hanter
nos rêves pareils à Antée
antés des désirs renaissantsNos pères ! C’est parce que vous n’aviez pas les yeux pers.
Changez vos cœurs au pair avec les dollars,
Change ton cœur, opère sans douleur.* * *
J’aime vos cous marqués de coups,
maîtresse des fauves
(mes tresses défaut)
j’aime des dessins, non des seins,
j’aime les dents des dames.
Pis, j’aime les pieds, non les pies non les pis.mais l’épée ?
* * *
Mais chants sont si peu méchants
Ils ne vont pas jusqu’à Longchamp
Ils meurent avant d’atteindre les champs
Où les bœufs s’en vont léchant
Des astres
Désastres.* * *
L’an est si lent.
Abandonnons nos ancres dans l’encre,
mes amis.* * *
De si haut les eaux tombent-elles sur nos os ?
Voici haut les oiseaux
la voie des tombes : voix os.* * *
Un à un
les Huns
passent l’Aisne.
Nos aines confondent nos haines,
Henri Heine.
Un à un
les Huns
deviennent des nains.
Perdez-vous dans l’Ain
et non dans l’Aisne.Hein ?
* * *
Tant d’or.
Passez les patries à l’épreuve du tan
et du temps
et encore des taons.* * *
L’art est le dieu lare
des mangeurs de lard
et des phares dévoilent le fard
des courtisanes du Far-West qui s’effarent.* * *
Dormir.
Les sommes noctures révèlent
la somme des mystères des hommes.Je vous somme, sommeils, de
m’étonner
et de tonner.* * *
* * *
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Robert DESNOS
Robert Desnos est un poète français, né le 4 juillet 1900 à Paris et mort du typhus le 8 juin 1945 au camp de concentration de Theresienstadt, en Tchécoslovaquie à peine libéré du joug de l’Allemagne nazie. Autodidacte et rêvant de poésie, Robert Desnos est introduit vers 1920 dans les milieux littéraires modernistes et... [Lire la suite]
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