L’Arrivée du catalogue
L’amateur reçoit son courrier ! fiévreusement,
Même avant de toucher aux plis qu’il sait intimes,
Il court aux Catalogues et, rapidement,
Non encore rabidement, sans trop de crimesProjetés ou conçus pour l’amour de sublimes
Emplettes, et voici qu’il tombe, justement !
Sur celui du libraire aux malices ultimes
Qui ne vend pas trop cher pour vendre sûrement,Et d’une main fiévreuse, mais honnête, dame,
On est honnête ! et comme il a vu tel bouquin,
Qu’il convoite depuis… tant d’ans ! un vrai béguin !Il envoie au Négociant un télégramme :
« Gardez-Le-moi. » — « C’est fait », répond avant la nuit
Un petit bleu.
Le bon Client s’évanouit.
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Paul VERLAINE
Paul Marie Verlaine est un poète français, né à Metz le 30 mars 1844 et mort à Paris le 8 janvier 1896. Paul Verlaine est avant tout le poète des clairs-obscurs. L’emploi de rythmes impairs, d’assonances, de paysages en demi-teintes le confirment, rapprochant même, par exemple, l’univers des Romances sans paroles des plus... [Lire la suite]
On chasse le vieux livre, on s'y prend patiemment.
Scrutant l'empilement jusqu'à l'instable cime,
Poussant le bouquiniste en son retranchement,
On cherche le trésor que si fort on estime.
Le livre toutefois, caché sournoisement
Dans le fond d'un tiroir, sait qu'il est rarissime
Et ne se montre point. Mais au bout d'un moment,
Il convient que l'on peut s'afficher magnanime ;
Il surgit, au grand jour. Le bon client s'exclame :
« C'est toi ! je t'ai cherché, remarquable bouquin,
Et je te trouve ici ! Allons ! Petit coquin !
Depuis trente ans, je vois ton nom sur mon programme
De lecture, et je vais te lire cette nuit. »
(Le lisant, il n'en est que faiblement séduit).
J'ai ouvert la porte
Du livre de Confucius
Pour me sentir vide_
Confucius sourit
En ajoutant dans son texte
Un éclat de vide.