L’armistice
FÉVRIER 1871
A A. Vacquerie.
Quelle nuit, ô mon âme ! et quel silence ! Écoute !
La diane héroïque hier encor battait !
Voilà donc la rançon que le pain blanc nous coûte !
Contemple Paris qui se tait !Superbe, aux longs échos de ses vingt citadelles,
Hier encor Paris, debout sur ses remparts,
Caressait des canons fidèles.
O stupeur, qu’après eux laissent les grands départs !Le camp sublime, hier plein de veuves sans larmes,
Se roidissant dans sa fierté,
Il se tait, noir désert plein de soldats sans armes,
Prison morne sur qui pèse un rêve hébété !O nuit faite pour les fantômes !
Ressuscite les vieux Français ! Ah ! cache-nous,
Nous vers qui rayonnaient ces flèches et ces dômes,
Nous, les vivants muets de Paris à genoux !O nuit ! qui donc s’en va ? Qui nous quitte ? — O silence !
Qui donc râle ? Qui donc est mort ?
Liberté, gloire, orgueil du drapeau sur sa lance,
Qu’êtes-vous devenus aux rafales du Nord ?Inextinguible amour ! Aïeule ! idolâtrie
Des morts fameux ! O France ! héritage sacré !
Berceau ! Terre sainte ! ô patrie !
O Christ des nations par vingt Judas livré !
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Léon DIERX
Léon Dierx, né à Saint-Denis de La Réunion le 31 mars 1838 et mort à Paris le 12 juin 1912, est un poète parnassien et peintre académique français. Léon Dierx naît dans la villa de Saint-Denis aujourd’hui appelée villa Déramond-Barre, que son grand-père a rachetée en 1830. Il y vit jusqu’en 1860, année de son... [Lire la suite]
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