L’Ange
Au front de bon élève, l’ange
Lauré de fleurs surnaturelles.Pour ne pas manquer ses calculs,
Appliqué, il tire la langue,
Tentant de suivre à cloche-pied,
Au verger des quatre saisons,
Le pointillé de leurs frontières.La neige, est-ce bon à manger ?
L’ange pillard en a tant mis
Dans sa poche, à jamais il reste
Parmi nous les forçats terrestres
Que cette boule rive au sol,
Faite en neige qu’on croit légère.Sans cesse empêché dans son vol,
Comme nous dans notre délire,
Cet ange enchaîné bat des ailes,
De ses amis implorant l’aide ;
Aussitôt qu’il s’élève un peu,
Retombe dans les marronniers,
Où la gomme de leurs bourgeons
S’accrochant à ses cheveux d’ange
L’empêche à jamais de nier.Croyez-vous que ce soit pour rien,
Qu’au poirier le pépiniériste
Laisse blettir ses belles poires ?
C’est qu’on reconnaît le voleur,
À la molle empreinte du doigt.Mais Dieu examine les mains
Des anges voleurs de framboises,
Des assassins, chaque dimanche,
Et dans les mains les plus sanglantes,
Met des livres dorés sur tranches.Dites ce que sont vos prisons,
Demande l’ange par trop niais,
Aux deux gendarmes l’emmenant
Avec pièce à conviction,
Dans le char des quatre saisons.
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Raymond RADIGUET
Raymond Radiguet est un écrivain français, né le 18 juin 1903 à Saint-Maur et mort le 12 décembre 1923 à Paris.
Ainé de sept enfants, il est le fils du dessinateur Maurice Radiguet (1866-1941). Sa mère est Jeanne Marie Louise Tournier (1884-1958).
Après l’école communale, il passe l’examen des bourses et entre au... [Lire la suite]
Ange gris
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Je survole une immense grève,
Tel un oiseau désemparé ;
J’ai des projets mal préparés,
Je me déplace comme en rêve.
Je tombe, et puis je me relève,
Mes gestes sont immodérés ;
Mes mots sont inconsidérés,
Toujours je fus mauvais élève.
Tout me fait perdre mon latin,
Je titube dès le matin ;
J’affronte des démons étranges.
Que ne suis-je un merle moqueur ?
Bien plus léger serait mon coeur ;
Mais je n’y peux rien, je suis ange.
Un ange
est un merle,
ou presque.