L’amour en fraude
J’ai vu passer, l’autre matin,
Un jeune Dieu dans la prairie ;
Sous un costume de féerie
Il sautillait comme un lutin.Tout perlé d’or et d’émeraude,
Sans arc, sans flèche et sans carquois,
En chantonnant des vers narquois,
Il s’en allait comme en maraude.Il redonnait, à chaque bond,
L’onde aux ruisseaux, des fleurs aux rives,
Des alouettes et des grives
Au saule creux et moribond.Le fol Archer buveur de larmes,
Pour une fois pris en défaut,
À travers champs riait tout haut
De n’être plus qu’un fou sans armes !Et singeant l’air d’un franc routier,
Fier de trahir son roi morose,
Il arborait un drapeau rose
Pour délivrer le monde entier !
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Léon DIERX
Léon Dierx, né à Saint-Denis de La Réunion le 31 mars 1838 et mort à Paris le 12 juin 1912, est un poète parnassien et peintre académique français. Léon Dierx naît dans la villa de Saint-Denis aujourd’hui appelée villa Déramond-Barre, que son grand-père a rachetée en 1830. Il y vit jusqu’en 1860, année de son... [Lire la suite]
Prairie
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Un troll buvait, l’autre matin,
De l’hydromel dans la prairie ;
Muni d’un cruchon de féerie,
Le servait un joyeux lutin.
Le yeux du troll sont d’émeraude,
Son futal, de n’importe quoi ;
Il annonce au lutin narquois :
« Bientôt, nous irons en maraude. »
Le lutin se dit : « C’est bien bon,
Il se peut que la chose arrive
(Ou que je sois changé en grive) ;
Ce troll n’est guère vagabond.»
L’hydromel aux reflets de larmes
Était très pur et sans défaut ;
Le buveur en riait tout haut,
Comme un gars que l’humour désarme.
Le lutin, vous vous en doutiez,
Put partir seul où sont les roses ;
Dans un ombrage ils se reposent,
Lui-même et sa chère moitié.