Laisse dire la calomnie
Laisse dire la calomnie
Qui ment, dément, nie et renie
Et la médisance bien pire
Qui ne donne que pour reprendre
Et n’emprunte que pour revendre…
Ah ! laisse faire, laisse dire !Faire et dire lâches et sottes,
Faux gens de bien, feintes mascottes,
Langues d’aspic et de vipère ;
Ils font des gestes hypocrites,
Ils clament, forts de leurs mérites,
Un mal de toi qui m’exaspère.Moi qui t’estime et te vénère
Au-dessus de tout sur la terre,
T’estime et vénère, ma belle,
De l’amour fou que je te voue,
Toi, bonne et sans par trop de moue,
M’admettant au lit, ma fidèle !Mais toi, méprise ces menées,
Plus haute que tes destinées,
Grand coeur, glorieuse martyre,
Plane au-dessus de tes rancunes
Contre ces d’aucuns et d’aucunes ;
Bah ! laisse faire et laisse dire !Bah ! fais ce que tu veux, ma belle
Et bonne, – fidèle, infidèle, -
Comme tu fis toute ta vie,
Mais toujours, partout, belle et bonne,
Et ne craignant rien de personne,
Quoi qu’en aient la haine et l’envie.Et puis tu m’as, si tu m’accordes
Un peu de ces miséricordes
Qui siéent envers un birbe honnête.
Tu m’as, chère, pour te défendre,
Te plaire, si tu veux m’entendre
Et voir, encor que laid et bête.
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Paul Marie Verlaine est un poète français, né à Metz le 30 mars 1844 et mort à Paris le 8 janvier 1896. Paul Verlaine est avant tout le poète des clairs-obscurs. L’emploi de rythmes impairs, d’assonances, de paysages en demi-teintes le confirment, rapprochant même, par exemple, l’univers des Romances sans paroles des plus... [Lire la suite]
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