Poème 'L’abandon' de ATOS

L’abandon

ATOS

La nuit marque la plage.
Je suis seule
Et implore cet état.

Pour toi je tiendrai langage d’un voyage.
Toi, le gardien de notre nom.

Là, où l’on nous dit , est un pays lointain.
Chez toi on le nomme Rêverie
Chez nous, nous le nommons Furie.

Il fallait que nous partions puisque rien ne pouvait être dit.
il fallait que nous touchions l’inimaginable regard.

Nous marchons depuis vers ce qui ne se conçoit pas.

C’est une terre aride -
Aucune halte n’est promise.
C’est un mouvement étonnant.
Tout ici est étrangement reconnaissant.
Tout peut prendre sens et perdre sa forme.
Des heures durant le ciel nous contemple
et nous jetons nos pierres contre son œil.
Nous disons rocher et brisons notre esprit.
Nous mâchons le son nous écoutons le nom.
Pas de nuit Aucun jour
celui qui entre en ce pays sait,
qu’à l’instant où commence le voyage,
il laisse derrière lui, tout répit.
Nous disons terre et nous pressons le ventre de notre raison.
Nous troussons les cavernes
et bravons les tavernes
Nous voyons foudre et dessinons sa route.
Le relief nous confond et nous aspirons le vide.
Nous frissonnons dans les entrailles du monde
et brûlons du vertige des monts
nous palpons la glaise des mots
buvons le sabre des tempêtes
mordons la chair de l’onde
Nous lançons notre fortune dans la gueule de l’espoir
Nous sommes …et déjà nous devenons.
Notre mémoire est en chimère
Sans cesse, sans messe,
Toujours, misérables en corps,
nous marchons.

Et dans l’ivresse de nos éclairs nous hurlons.
Vert cristal
noire muraille
rouge sandale
Rail d’extase
Poudre grisaille
et vins de paille
Voilà notre ripaille
Lorsque le rêve commence nous nous abandonnons.
C’est ainsi que nous nous perdons.
Ne sachant plus ce que nous étions
dans la lucidité de notre ronde
la raison enfin nous échappe.
Et nous songeons alors au triangle du monde.

Nous ne savons plus qui nous étions.
En marche, nous nous réinventons.

Garde mon ami
garde notre nom entre tes pages
et dis toi qu’il fallait sans doute que nous passions
Pour que s’ouvre devant toi tout ce que nous imaginions.

La nuit marque la page.
Dans ses pas nous revenons.

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Commentaires

  1. Les souvenirs s'édifient
    Au fil des rencontres nocturnes :
    Un travail sans fin.

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