La vie est bien sévère
La vie est bien sévère
À cet homme trop gai :
Plus le vin dans le verre
Pour le sang fatigué,Plus l’huile dans la lampe
Pour les yeux et la main,
Plus l’envieux qui rampe
Pour l’orgueil surhumain,Plus l’épouse choisie
Pour vivre et pour mourir,
En qui l’on s’extasie
Pour s’aider à souffrir,Hélas ! et plus les femmes
Pour le coeur et la chair,
Plus la Foi, sel des âmes,
Pour la peur de l’Enfer,Et ni plus l’Espérance
Pour le ciel mérité
Par toute la souffrance !
Rien ! Si ! La Charité :Le pardon des offenses
Comme un déchirement,
L’abandon des vengeances
Comme un délaissement ;Changer au mieux le pire,
A la méchanceté
Déployant son empire
Opposer la bonté ;Peser, se rendre compte,
Faire la part de tous,
Boire la bonne honte,
Être toujours plus doux…Quelque chaleur va luire
Pour ce coeur fatigué,
La vie un peu sourire
A cet homme si gai,Et puisque je pardonne,
Mon Dieu, pardonnez-moi,
Ornant l’âme enfin bonne
D’espérance et de foi.
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Paul Marie Verlaine est un poète français, né à Metz le 30 mars 1844 et mort à Paris le 8 janvier 1896. Paul Verlaine est avant tout le poète des clairs-obscurs. L’emploi de rythmes impairs, d’assonances, de paysages en demi-teintes le confirment, rapprochant même, par exemple, l’univers des Romances sans paroles des plus... [Lire la suite]
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