La Vapeur
Maintenant la vapeur est à l’ordre du jour.
Tout marche par son aide ! Est-ce un bien pour le monde ?
Pour bien choisir sur terre où toute chose abonde,
Faut-il donc se hâter, lorsqu’on en fait le tour.On vole désormais sur la terre et sur l’onde ;
On fait sans y penser l’aller et le retour ;
On singe le soleil qui, lorsqu’il fait sa ronde,
Mesure en une nuit le céleste séjour.Ce ne peut être un bien que dans ces temps de guerre,
Où sont anéantis ces hommes qui naguère
Marchaient contre la mort sans reproche et sans peur,Si trompant l’ennemi par sa subtile ruse,
Refaisant des guerriers autant que l’on en use,
L’amour toutes les nuits marchait à la vapeur !
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Jules VERNE
Jules Verne, né le 8 février 1828 à Nantes en France et mort le 24 mars 1905 à Amiens en France, est un écrivain français dont une grande partie des œuvres est consacrée à des romans d’aventures et de science-fiction (ou d’anticipation). En 1863 paraît chez l’éditeur Pierre-Jules Hetzel (1814-1886) son... [Lire la suite]
Poterne du dragon
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Ces gardiens n'ont jamais connu l'astre du jour ;
Ils se sont réchauffés aux feux de l'inframonde,
Ignorant les jardins où la douceur abonde
Ainsi que les palais aux orgueilleuses tours.
Sombre est cet univers, froides en sont les ondes,
Ceux qui viennent ici, c'est souvent sans retour ;
Le sinistre oreillard y fait parfois sa ronde,
Hadès prend sa pitance en cet obscur séjour.
Certes, les visiteurs ne s'y bousculent guère,
À peine plus nombreux à l'issue d'une guerre,
Même de s'approcher, on dirait qu'ils ont peur.
Pour y faire excursion, le druide parfois use
D'une forte portion, et,grâce à cette ruse
Chaque gardien savoure une chaude torpeur.
Lampe à huile d’inframonde
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N’allumez surtout pas cette lampe infernale,
Car c’est le lumignon des grands démolisseurs.
Elle qui fut forgée par les affaiblisseurs,
Ils en ont éclairé des horreurs peu banales.
Ici n’est point le lieu des actions triomphales ;
Ici, c’est un terrain pour les pervertisseurs
Sur qui toujours Satan sera l’enchérisseur,
C’est ainsi que le veut sa vocation fatale.
Les anges jusqu’ici n’osent jamais voler,
Car de cruels démons pourraient les immoler,
Ou bien les pervertir, ou bien des choses pires.
La lampe, cependant, n’est pas vendue bien cher,
Elle est loin de coûter une livre de chair
(Comme certains trésors de l’infernal empire).
Démons alpestres
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Elle nous appartient, la montagne infernale,
Même sa neige pure est hostile aux glisseurs ;
D’assez mauvais destins nous sommes les tisseurs,
De morts inattendues et de vies trop banales.
Ne tente point d’un pic l’ascension triomphale,
De ton tragique sort tu verrais la noirceur ;
Tu ne dois surtout pas nous traiter de farceurs,
Une telle ironie pourrait t’être fatale.
Les Anges de la Mort, tu peux les voir voler,
Tu es, en leur présence, un peu déboussolé ;
En ces monts infernaux, tu dois t’attendre au pire.
Quant à nous, de ta vie, nous ne donnons pas cher ;
Tu ne connaîtras plus les plaisirs de la chair,
Ton coeur va s’endormir au ténébreux empire.