La tête étoilée – Tristesse d’une étoile
Une belle Minerve est l’enfant de ma tête
Une étoile de sang me couronne à jamais
La raison est au fond et le ciel est au faîte
Du chef où dès longtemps Déesse tu t’armaisC’est pourquoi de mes maux ce n’était pas le pire
Ce trou presque mortel et qui s’est étoilé
Mais le secret malheur qui nourrit mon délire
Est bien plus grand qu’aucune âme ait jamais celéEt je porte avec moi cette ardente souffrance
Comme le ver luisant tient son corps enflammé
Comme au coeur du soldat il palpite la France
Et comme au coeur du lys le pollen parfumé
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- Bric–à–Brac | Blog | La testa stellata
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Guillaume APOLLINAIRE
Guillaume Apollinaire, de son vrai nom Wilhelm Albert Włodzimierz Apolinary de Wąż-Kostrowicki, est un écrivain français (né polonais, sujet de l’Empire russe), né le 26 août 1880 à Rome et mort le 9 novembre 1918 à Paris. C’est l’un des plus grands poètes français du début du XXe siècle, auteur notamment... [Lire la suite]
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D’azur à trois bouddhas
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Le bouddha de mémoire a des mots plein la tête ;
Il les apprécie tous, ne les confond jamais,
Il parle lentement, chaque phrase, une fête,
Chaque vers, un plaisir, chaque rime, un sommet.
Le bouddha visionnaire est maître d’un empire
Qui s’étend, verdoyant, sous le ciel étoilé,
Il manie la raison ainsi que le délire ;
Jamais ne fut certain ce qu’il a dévoilé.
Le bouddha de l’instant, c’est amour et souffrance,
C’est un quatrain tremblant, c’est un vers enflammé ;
C’est, au coeur d’un blason, la fleur de lys de France,
C’est, au fond d’un godet, le bon vin parfumé.
Le seigneur d’Alpha Formicae
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Cet empereur bizarre, il n’a rien dans la tête,
Les astres ont des noms qu’il ne retient jamais ;
Mais, un verre à la main, il montre dans les fêtes
Un humour débridé qui atteint des sommets.
Des ministres sont là, qui sont loin d’être bêtes,
À leur sagacité le peuple s’en remet ;
L’Empire ne connaît ni pape ni prophète,
Aucun de ses sujets à Dieu ne se soumet.
Je ne sais pas combien l’Empire a de planètes,
Sur mes vieux documents la carte n’est pas nette ;
Un pompier les sauva d’un placard enflammé.
Accueillant tour à tour l’amour et la souffrance,
Ils n’attendent, ces gens, aucune délivrance,
Buvant, pour voir venir, du vin très parfumé.
Le seigneur d’Alpha Scarabaei
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De ministres ce roi se prive sans dommage,
Il gouverne tout seul, car c’est un vieux bandit ;
Mais tu peux observer que nul ne le maudit,
Car aucun vil forfait n’a terni son image.
Le peuple ne va pas jusqu’à lui rendre hommage,
Ce recoin du Cosmos n’est pas un paradis ;
La boue couvre les sols et baigne les taudis,
Les troquets sont fermés, les gens sont au chômage.
Ils chantent cependant, malgré tous leurs soucis,
Ne pouvant s’attrister, car leur âme est ainsi ;
Ils vont vers le bonheur par une route ardue.
Certains jours j’aimerais pouvoir en faire autant,
Je suis contre les maux un piètre combattant ;
Je fais quelques efforts, mais c’est peine perdue.
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Les mots que murmure
Une étoile fort distante,
Comment les entendre ?
Paresse d’une étoile
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C’est un astre perdu qui n’en fait qu’à sa tête,
Nous avons oublié comment il se nommait ;
C’est sans doute un Alpha, puis le nom d’une bête,
Ou encore Epsilon, le saurons-nous jamais ?
Aucun docte chercheur n’ira faire une enquête,
C’est un astre inutile, et qui rien ne promet ;
Nul rédacteur non plus, pas même un exégète,
Tout est donc comme si du ciel on le gommait.
Il n’est ni dans la Loi ni dans les Écritures,
Ni dans les faux versets produits par imposture ;
Et nul auteur n’en fit le décor d’un roman.
Il n’éclaira jamais nos joies ni nos souffrances,
Qu’il soit ou non réel, aucune différence,
Il s’introduit ici, je ne sais pas comment.