La Statue
Parmi les marbres qu’on renomme
Sous le ciel d’Athène ou de Rome,
Je prends le plus pur, le plus blanc,
Je le taille et puis je l’étale
Dans ta pose d’Horizontale
Soulevée… un peu… sur le flanc…Voici la tête qui se dresse,
Qu’une ample chevelure presse,
Le cou blanc, dont le pur contour
Rappelle à l’oeil qui le contemple
Une colonne, au front d’un temple,
Le plus beau temple de l’Amour !Voici la gorge féminine,
Le bout des seins sur la poitrine
Délicatement accusé,
Les épaules, le dos, le ventre
Où le nombril se renfle et rentre
Comme un tourbillon apaisé.Voici le bras plein qui s’allonge ;
Voici, comme on les voit en songe,
Les deux petites mains d’Eros,
Le bassin immense, les hanches,
Et les adorablement blanches
Et fermes fesses de Paros.Voici le mont au fond des cuisses
Les plus fortes pour que tu puisses
Porter les neuf mois de l’enfant ;
Et voici tes jambes parfaites…
Et, pour les sonnets des poètes,
Voici votre pied triomphant.Pas plus grande que Cléopâtre
Pour qui deux peuples vont se battre,
Voici la Femme dont le corps
Fait sur les gestes et les signes
Courir la musique des lignes
En de magnifiques accords.Je m’élance comme un barbare,
J’abats la tête, le pied rare,
Les mains… et puis… au bout d’un an…
Lorsque sa gloire est colossale,
Je la dispose en une salle,
La plus riche du Vatican.
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Germain NOUVEAU
Germain Marie Bernard Nouveau, né le 31 juillet 1851 à Pourrières (Var) où il est mort le 4 avril 1920, est un poète français. Il est l’aîné des 4 enfants de Félicien Nouveau (1826-1884) et de Marie Silvy (1832-1858). Germain Nouveau perd sa mère alors qu’il n’a que sept ans. Il est élevé par son... [Lire la suite]
Apothéose de Dupanloup
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Dupanloup ! Ça, ce fut un homme !
Devenu l’évêque de Rome,
Il paradait en habit blanc,
Visitant l’immeuble où s’étale
Une luxure horizontale
Qui dévoile ses vastes flancs.
Voyez sa gloire qui se dresse
Lorsqu’une compagne s’empresse !
Admirez-en le fier contour :
Le poète qui la contemple
Songe à la colonne d’un temple
Où Priape enseigne l’amour.
Car, en compagnie féminine,
Le coeur qui bat dans sa poitrine
Ne peut jamais être accusé
De faiblesse, et non plus son ventre
Dans lequel tant de festins entrent,
Pour une fringale apaiser.
La gloire qui croît et s’allonge
Semble un monstre, un être de songe ;
Sous le pensif regard d’Eros,
Dupanloup aux puissantes hanches
Traverse plus d’une nuit blanche,
Et ça reste aussi dur qu’un os.
Dupanloup aux robustes cuisses
N’épargne point les Gardes suisses
(Mais il ne leur fait point d’enfants) ;
Il vante leur forme parfaite,
Leur inspiration de poètes
Qui fait leurs matins triomphants.
À Rome, autrefois, Cléopâtre
Usait, sans se laisser abattre,
Des puissants charmes de son corps ;
Mais Dupanloup s’en montre digne,
Ce n’est point là son chant du cygne,
Ce sont de magistraux accords.
Dupanloup d’est point un barbare,
Il sait goûter les plaisirs rares ;
Il fait la fête au jour de l’an :
Il mène une orgie colossale
Dans la profondeur abyssale
D’une cave du Vatican.
Voir
https://paysdepoesie.wordpress.com/2014/03/19/dupanloup-papal/