La source
Tout près du lac filtre une source,
Entre deux pierres, dans un coin ;
Allègrement l’eau prend sa course
Comme pour s’en aller bien loin.Elle murmure : Oh ! quelle joie !
Sous la terre il faisait si noir !
Maintenant ma rive verdoie,
Le ciel se mire à mon miroir.Les myosotis aux fleurs bleues
Me disent : Ne m’oubliez pas !
Les libellules de leurs queues
M’égratignent dans leurs ébats ;A ma coupe l’oiseau s’abreuve ;
Qui sait ? – Après quelques détours
Peut-être deviendrai-je un fleuve
Baignant vallons, rochers et tours.Je broderai de mon écume
Ponts de pierre, quais de granit,
Emportant le steamer qui fume
A l’Océan où tout finit.Ainsi la jeune source jase,
Formant cent projets d’avenir ;
Comme l’eau qui bout dans un vase,
Son flot ne peut se contenir ;Mais le berceau touche à la tombe ;
Le géant futur meurt petit ;
Née à peine, la source tombe
Dans le grand lac qui l’engloutit !
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Théophile GAUTIER
Pierre Jules Théophile Gautier est un poète, romancier, peintre et critique d’art français, né à Tarbes le 30 août 1811 et mort à Neuilly-sur-Seine le 23 octobre 1872 à 61 ans. Né à Tarbes le 30 août 1811, le tout jeune Théophile garde longtemps « le souvenir des montagnes bleues ». Il a trois ans lorsque sa famille... [Lire la suite]
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heureux d'avoir pu lire ce poème appris en primaire, il y a de cela 78 ans !!!