La solitude est verte
Chasseresse ou dévote ou porteuse de dons
La solitude est verte en des landes hantées
Comme chansons du vent aux provinces chantées
Comme le souvenir lié à l’abandon.La solitude est verte.
Verte comme verveine au parfum jardinier
Comme mousse crépue au bord de la fontaine
Et comme le poisson messager des sirènes,
Verte comme la science au front de l’écolier.La solitude est verte.
Verte comme la pomme en sa simplicité,
Comme la grenouille, cœur glacé des vacances,
Verte comme tes yeux de désobéissance,
Verte comme l’exil où l’amour m’a jeté.La solitude est verte.
1945
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Louise de VILMORIN
Louise Levêque de Vilmorin, dite Louise de Vilmorin, est une écrivaine française née le 4 avril 1902 à Verrières-le-Buisson (Essonne) où elle est morte le 26 décembre 1969. Née dans le château familial d’une célèbre famille de botanistes et grainetiers, elle se fiance en 1923 à Antoine de Saint-Exupéry mais épouse... [Lire la suite]
Chaque homme à son prochain aimera faire un don,
Lorsque d'un astre vert les nuits seront hantées ;
La joie, la liberté seront partout chantées,
Les mauvais sentiments seront à l'abandon
Quand la lune sera verte.
Verte comme l'oiseau que l'on nomme verdier,
Verte comme le sont quelques forêts lointaines,
Ou comme une émeraude au collier de la reine,
Comme au front d'un grand homme un immortel laurier.
Quand la lune sera verte,
Verts seront les jardins de la fraternité,
Verts les tombeaux fleuris des villages de France,
Verts les petits lézards emplis de nonchalance ;
Nos jours seront tissés de plaisirs enchantés
Quand la lune sera verte.
Dragon frivole
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Je suis l’indifférent, le dragon sans souci,
Paisibles sont mes jours, légères mes pensées ;
J’ai peu de souvenirs des galères passées ;
Les tourments de jadis se sont bien adoucis.
Je sais que les vivants sont des morts en sursis,
Mon âme cependant n’en est point offensée ;
Acceptant les ennuis sans en être blessée,
Elle a de la pitié pour les coeurs endurcis.
Avec de vieux copains souvent je m’entretiens,
Les mots nous font du bien, le rire nous soutient,
À remplir nos godets la tavernière veille.
Tantôt vient la froidure et tantôt la chaleur,
Mais à chaque printemps reparaissent les fleurs ;
De ces simples bonheurs mon esprit s’émerveille.
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Cette dame dit
Que la solitude est verte,
Moi je dis « la lune ».
Lune de sinople
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J’ai rêvé d’une verte lune,
D’un globe métamorphosé ;
J’entendis, sans surprise aucune,
Un chant par elle composé.
Sous cet astre, une dame brune
Était venue se reposer ;
Mais une averse inopportune
A menacé de l’arroser.
Un dieu plein de délicatesse
A protégé cette princesse,
En un lieu sûr il l’installa.
J’ignorais le nom, moi, profane,
De cet immortel épiphane
Qui veillait dans le pâle éclat.
Monstre vert
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J’habite au Pays des Mystères,
Lesquels ne m’ont jamais déçu ;
Même les plus élémentaires,
Car j’aime méditer dessus.
De mes chers parents, j’ai reçu
Un corps étrange et solitaire ;
Je vais le rendre à notre Terre
Dont ses atomes sont issus.
Sur ce point, je ne peux m’étendre
Car ce serait dur à entendre ;
Ne parlons pas de mon trépas.
Je vois planer trois hirondelles
Qui à mes vieux murs sont fidèles ;
Et le reste ne compte pas.