Poème 'La roue' de Aimé CÉSAIRE dans 'Soleil cou coupé'

La roue

Aimé CÉSAIRE
Recueil : "Soleil cou coupé"

La roue est la plus belle découverte de l’homme et la seule
il y a le soleil qui tourne
il y a la terre qui tourne
il y a ton visage qui tourne sur l’essieu de ton cou quand tu pleures
mais vous minutes n’enroulerez-vous pas sur la bobine à
vivre le sang lapé
l’art de souffrir aiguisé comme des moignons d’arbre par les
couteaux de l’hiver
la biche saoule de ne pas boire
qui me pose sur la margelle inattendue ton
visage de goélette démâtée
ton visage
comme un village endormi au fond d’un lac
et qui renaît au jour de l’herbe et de l’année
germe

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Commentaires

  1. Roue de sable
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    La roue que fait tourner l’énergie de la lune
    Produit dans l’atelier un boucan nonpareil ;
    On pourrait la brancher aussi sur le soleil,
    Sur un astéroïde ou même sur Neptune.

    Elle a déjà perdu sa jolie teinte brune,
    Car son corps a noirci dans les nuits sans sommeil.
    Nous pourrions la parer d’un enduit de vermeil,
    Mais un tel goût n’est pas dans notre loi commune.

    J’aime observer parfois son mouvement constant.
    Qui semble un leitmotiv repris à chaque instant,
    Je contemple la roue et je ne sais que dire.

    Peut-être la durée nous va tous consumant !
    Suivre cette machine est un contentement,
    Sauf, bien sûr, pour ceux qui d’autres choses désirent.

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