La rose
Je dirai la rose aux plis gracieux.
La rose est le souffle embaumé des Dieux,
Le plus cher souci des Muses divines.
Je dirai ta gloire, ô charme des yeux,
Ô fleur de Kypris, reine des collines !
Tu t’épanouis entre les beaux doigts
De l’Aube écartant les ombres moroses ;
L’air bleu devient rose, et roses les bois ;
La bouche et le sein des Nymphes sont roses !
Heureuse la vierge aux bras arrondis
Qui dans les halliers humides te cueille !
Heureux le front jeune où tu resplendis !
Heureuse la coupe où nage ta feuille !
Ruisselante encor du flot paternel,
Quand de la mer bleue Aphrodite éclose
Étincela nue aux clartés du ciel,
La Terre jalouse enfanta la rose ;
Et l’Olympe entier, d’amour transporté,
Salua la fleur avec la Beauté !
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Charles-Marie LECONTE DE LISLE
Charles Marie René Leconte de Lisle, né le 22 octobre 1818 à Saint-Paul dans l’Île Bourbon et mort le 17 juillet 1894 à Voisins, était un poète français. Leconte de Lisle passa son enfance à l’île Bourbon et en Bretagne. En 1845, il se fixa à Paris. Après quelques velléités lors des événements de 1848, il renonça... [Lire la suite]
La rose est sans pourquoi, dit la métaphysique ;
Sa raison pour fleurir est en sa floraison,
Comme une oeuvre, un sonnet, un air, une chanson.
C'est ainsi qu'une vie à soi-même s'explique.
Puis viennent au jardin des fronts académiques
Sur lesquels est inscrit « Principe de raison ».
Ils composent alors des airs de leur façon,
Avec beaucoup de mots et très peu de musique.
Ils creusent la notion de raison suffisante
Et font délibérer leur raison raisonnante
Pour savoir si la rose est quelque chose, ou rien.
La rose cependant meurt au jardin d'automne,
Et sa mort guère plus que sa vie ne l'étonne,
Ni que le regard froid des métaphysiciens.