Poème 'La Reine de Saba' de Théodore de BANVILLE dans 'Les princesses'

La Reine de Saba

Théodore de BANVILLE
Recueil : "Les princesses"

Sa robe en brocart d’or, divisée régulièrement par des falbalas de perles, de jais et de saphirs, lui serre la taille dans un corsage étroit, rehaussé d’applications de couleur, qui représentent les douze signes du Zodiaque. Elle a des patins très-hauts, dont l’un est noir et semé d’étoiles d’argent, avec un croissant de lune, – et l’autre, qui est blanc, est couvert de gouttelettes d’or avec un soleil au milieu.
Gustave Flaubert, La Tentation de saint Antoine.

La Reine Nicosis, portant des pierreries,
A pour parure un calme et merveilleux concert
D’étoffes, où l’éclair d’un flot d’astres se perd
Dans les lacs de lumière et les flammes fleuries.

Son vêtement tremblant chargé d’orfévreries
Est fait d’un tissu rare et sur la pourpre ouvert,
Où l’or éblouissant, tour à tour rouge et vert,
Sert de fond méprisable aux riches broderies.

Elle a de lourds pendants d’oreilles, copiés
Sur les feux des soleils du ciel, et sur ses pieds
Mille escarboucles font pâlir le jour livide.

Et, fière sous l’éclat vermeil de ses habits,
Sur les genoux du roi Salomon elle vide
Un vase de saphir d’où tombent des rubis.

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