La Prison
Comme les hauts piliers des vieilles cathédrales,
Ô rêves de mon cœur, vous montez ! Et je vois
L’ancien encens encore endormir ses spirales
À l’ombre de vos nefs, ô rêves d’autrefois !Comme un orgue dompté par des mains magistrales,
Ô ma longue douleur ! Je t’écoute ; et ta voix
Murmure encor l’écho des plaintes et des râles
Que j’ai depuis longtemps étouffés sous mes doigts !— Allons ! Prêtre enfermé qui saignas sous l’insulte,
N’as-tu pas renié ton église et ton culte,
Et brisé l’encensoir aux murs de ta prison ?Debout ! étends les bras sans fermer les paupières !
Qu’ils croulent, ces arceaux dont tu sculptas les pierres,
Dût leur poids t’écraser du coup, comme Samson !
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Léon DIERX
Léon Dierx, né à Saint-Denis de La Réunion le 31 mars 1838 et mort à Paris le 12 juin 1912, est un poète parnassien et peintre académique français. Léon Dierx naît dans la villa de Saint-Denis aujourd’hui appelée villa Déramond-Barre, que son grand-père a rachetée en 1830. Il y vit jusqu’en 1860, année de son... [Lire la suite]
Moulin démesuré
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Ce grand moulin se prend pour une cathédrale,
Il se voudrait aussi défenseur de la foi ;
Mais j’y entends, la nuit, des chansons sépulcrales
Capables d’effrayer les défunts d’autrefois.
Le meunier dit des vers d’une voix magistrale,
Ainsi que des dictons en langue des Gaulois ;
Ça fait fuir les démons jusqu’à la voûte astrale
Dont inutilement ils contestent les lois.
Jusqu’au petit matin j’écoute leurs insultes,
Mais je n’y comprends rien, c’est un langage occulte,
J’en viens à préférer leurs ignobles chansons.
Quand vient le grand soleil, ils ferment leurs paupières,
Ils restent sans bouger sous le vieux Pont de Pierre ;
Avec moi le meunier partage une boisson.
Cathédrale de la farine
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Sans la grosse meule,
Corps du fils du charpentier,
Où donc serais-tu ?