Poème 'La Peur' de Émile VERHAEREN dans 'Les Apparus Dans Mes Chemins'

La Peur

Émile VERHAEREN
Recueil : "Les Apparus Dans Mes Chemins"

Par les plaines de ma crainte, tournée au Nord,
Voici le vieux berger des Novembres qui corne,
Debout, comme un malheur, au seuil du bercail morne,
Qui corne au loin l’appel des troupeaux de la mort.

L’étable est là, lourde et vieille comme un remords,
Au fond de mes pays de tristesse sans borne,
Qu’un ruisselet, bordé de menthe et de viorne
Lassé de ses flots lourds, flétrit, d’un cours retors.

Brebis noires, à croix rouges sur les épaules,
Et béliers couleur feu rentrent, à coups de gaule,
Comme ses lents péchés, en mon âme d’effroi ;

Le vieux berger des Novembres corne tempête.
Dites, quel vol d’éclairs vient d’effleurer ma tête
Pour que, ce soir, ma vie ait eu si peur de moi ?

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Commentaires

  1. Chez le puisatier
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    En Atlantique Sud (ou serait-ce le Nord ?)
    Est une île irréelle où vit une licorne ;
    Un grand palais abrite un vieux puisatier morne
    Que ceux de son village ont bien longtemps cru mort.

    S’il change d’univers, il en a le remords,
    Et cela lui procure un désespoir sans bornes ;
    Des deux lunes si l’une à la minuit s’écorne,
    On en accusera le magicien retors.

    Celui-ci répondra d’un haussement d’épaules ;
    Tel un druide instruisant les guerriers de la Gaule,
    Il jettera ses sorts, tranquille et sans effroi.

    À condition d’étendre une lampe-tempête,
    Nos héros seront prêts à poursuivre leur quête ;
    Merci à l’oncle Fred, conteur de bon aloi !

  2. Retouche au dernier tercet :

    éteindre une lampe-tempête.

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