La Peur
Par les plaines de ma crainte, tournée au Nord,
Voici le vieux berger des Novembres qui corne,
Debout, comme un malheur, au seuil du bercail morne,
Qui corne au loin l’appel des troupeaux de la mort.L’étable est là, lourde et vieille comme un remords,
Au fond de mes pays de tristesse sans borne,
Qu’un ruisselet, bordé de menthe et de viorne
Lassé de ses flots lourds, flétrit, d’un cours retors.Brebis noires, à croix rouges sur les épaules,
Et béliers couleur feu rentrent, à coups de gaule,
Comme ses lents péchés, en mon âme d’effroi ;Le vieux berger des Novembres corne tempête.
Dites, quel vol d’éclairs vient d’effleurer ma tête
Pour que, ce soir, ma vie ait eu si peur de moi ?
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Émile VERHAEREN
Émile Adolphe Gustave Verhaeren, né à Saint-Amand dans la province d’Anvers, Belgique, le 21 mai 1855 et mort à Rouen le 27 novembre 1916, est un poète belge flamand, d’expression française. Dans ses poèmes influencés par le symbolisme, où il pratique le vers libre, sa conscience sociale lui fait évoquer les grandes villes... [Lire la suite]
- J'ai cru à tout jamais notre joie engourdie
- S'il était vrai
- Le clair jardin c'est la santé
- Si d'autres fleurs décorent la maison
- Sois-nous propice et consolante encor...
- L'Ombre est Lustrale et l'Aurore Irisée
- L'Immobile Beauté
- Le Ramasseur d'Épaves
- Insatiablement
- Que nous sommes encor heureux et fiers de...
Chez le puisatier
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En Atlantique Sud (ou serait-ce le Nord ?)
Est une île irréelle où vit une licorne ;
Un grand palais abrite un vieux puisatier morne
Que ceux de son village ont bien longtemps cru mort.
S’il change d’univers, il en a le remords,
Et cela lui procure un désespoir sans bornes ;
Des deux lunes si l’une à la minuit s’écorne,
On en accusera le magicien retors.
Celui-ci répondra d’un haussement d’épaules ;
Tel un druide instruisant les guerriers de la Gaule,
Il jettera ses sorts, tranquille et sans effroi.
À condition d’étendre une lampe-tempête,
Nos héros seront prêts à poursuivre leur quête ;
Merci à l’oncle Fred, conteur de bon aloi !
Retouche au dernier tercet :
éteindre une lampe-tempête.
Porte des cauchemars
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Ici, de nocturnes alarmes,
Prenant l’aspect de souvenirs ;
Pas moyen de s’en prémunir,
En vain tu retiendras te s larmes.
Tu baigneras dans un vacarme
Qui jamais ne voudra finir :
Nul ne te viendra soutenir;
Pas même un placide gendarme.
Tout cela te fout le bourdon ;
Ton âme est-elle à l’abandon ?
Allons donc, tu dois te défendre.
Les cauchemars sont éprouvants ;
S’ils n’arrivent pas trop souvent,
À les vivre on peut condescendre.
oui on peut cons descendre bas !