La Nymphe endormie
Vous faites trop de bruit, Zéphire, taisez-vous,
Pour ne pas éveiller la belle qui repose ;
Ruisseau qui murmurez, évitez les cailloux,
Et si le vent se tait, faites la même chose.Mon coeur sans respirer, regardons à genoux
Sa bouche de corail, qui n’est qu’à demi close,
Dont l’haleine innocente est un parfum plus doux
Que l’esprit de jasmin, de musc, d’ambre et de rose.Ah que ces yeux fermés ont encor d’agrément !
Que ce sein demi-nu s’élève doucement !
Que ce bras négligé nous découvre de charmes !Ô Dieux, elle s’éveille, et l’Amour irrité
Qui dormait auprès d’elle a déjà pris les armes
Pour punir mon audace et ma témérité.
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Georges de SCUDÉRY
Georges de Scudéry, né le 11 avril 1601 au Havre et mort le 14 mai 1667 à Paris, est un romancier et dramaturge français. Il était d’une famille noble provençale d’Apt qui se prétendait d’origine sicilienne. Son aïeul et son père avaient suivi la carrière des armes, et celui-ci avait rempli la charge de lieutenant... [Lire la suite]
Lorsque je continue ma promenade lente,
Je vois une inconnue qui sourit en dormant,
Rêvant, sans aucun doute, à son prince charmant,
Tandis que le métro la transporte, indolente.
Encore un château suspendu
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Mon château vole en l’air, amis, le saviez-vous ?
De gueules, ce palais sur le grand ciel repose ;
Nous l’avons assemblé de singuliers cailloux,
Tous plus légers que l’air, c’est une étrange chose.
Il nous est un vaisseau, pour des voyages fous,
Le vent du Nord franchit sa porte à-demi close
Et le fait avancer vers des climats plus doux,
Vers d’immenses jardins où fleurissent les roses.
Ce palais de plaisir, ce château d’agrément
Au gré du bel été dérive doucement ;
Un tel séjour mouvant ne manque pas de charme.
L’intendant du manoir, plein de témérité,
Fait passer au seigneur un message irrité :
« Vous avez oublié d’y installer des armes ! »
Taureau monochrome
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Ce taureau fantastique est plus musclé que vous,
Lui qui d’une magie redoutable dispose ;
Mais avec une vache il sait se montrer doux.
Le sentiment d’amour est une étrange chose.
Cet animal délire, il n’est pourtant pas fou,
Il peut aussi produire une amusante prose ;
En matière de fleurs il a beaucoup de goût,
Car il aime la forme et le parfum des roses.
Il peut improviser sur plusieurs instruments,
C’est pour faire danser son amie la jument ;
Elle s’immobilise et reste sous le charme.
Il parcourt l’univers, mais sans témérité,
Toujours aventureux, rarement irrité ;
Il n’est pas agressif, mais il n’est pas sans armes.
Petit-fils de Pasiphaé
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-- Es-tu redoutable,
Minotaure quadrupède ?
-- Non, je suis un boeuf.
Trois tours sur la colline
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Bien loin d’ici, je ne sais où,
Trois vieux ermites se reposent ;
Leurs trois demeures sont debout
Sur un grand tertre de grès rose.
Sont-ils des sages ou des fous ?
Ils n’ont écrit ni vers ni prose ;
De la bière ils aiment le goût,
Ils n’y connaissent pas grand-chose.
Ils ne jouent d’aucun instrument,
Ils ne lisent aucun roman ;
Ce sont trois vieux messieurs sans charme.
Restez dans votre obscurité,
C’est tout ce que vous méritez ;
Votre indolence nous désarme.