La Nuit de la Toussaint
1er couplet.
— Ma porte, Julien, quel dommage !
S’ouvrit d’elle-même à tes pas :
C’est aux Saints qu’il faut rendre hommage ;
Julien, les Amours n’en sont pas.À ma patronne, à la vierge Marie
N’insultons pas quand le pénitent crie…
(Une voix dans la rue)
Réveillez-vous, gens qui dormez ;
Priez Dieu pour les trépassés.
2e couplet.— Au doux signal qu’Amour te donne
Toujours cédant, toujours tu crains ;
Tu craignais hier ta Madone,
Tu crains aujourd’hui tous les Saints.Plus de frayeur ! et qu’importe, Marie,
À nos amours le pénitent qui crie…
(Une voix dans la rue)
Réveillez-vous, gens qui dormez ;
Priez Dieu pour les trépassés.3e couplet.
Tremblante dès qu’un rayon terne
Blanchit tes vitres un instant,
Tu prends pour l’aube la lanterne
Qui dans aux mains du pénitent.Aimons encor ; nous le pouvons, Marie ;
Le jour est loin quand le pénitent crie…
(Une voix, etc.)4e couplet.
Tu crains ton vieil époux, Marie,
Quand le vent souffle au corridor ;
De nos amours, je le parie,
Ce vent est complice, et l’endort.Aimons toujours ; sans l’éveiller, Marie,
La cloche tinte, et le pénitent crie…
(Une voix, etc.)5e couplet.
L’amant part enfin, mais il tombe
Sous un poignard jaloux, hélas !
Et sans rêver poignard ni tombe
L’amante a fermé ses yeux las.Réveille-toi : sous ton balcon, Marie,
Heurtant un mort, le vieux pénitent crie :
Réveillez-vous, gens qui dormez ;
Priez Dieu pour les trépassés !
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Hégésippe MOREAU
Hégésippe Moreau est un écrivain, poète et journaliste français, né et mort à Paris (8 avril 1810 – 20 décembre 1838). Inscrit à l’état civil sous le nom de Pierre-Jacques Roulliot, il porte dès son enfance le nom de son père naturel et adopte le pseudonyme d’Hégésippe en publiant ses premiers vers à Paris en... [Lire la suite]
Marchant de Saint-Denis jusqu’à Aubervilliers,
Je suivais le canal où s’ébattaient les truites ;
J’allais voir une femme avec qui j’étais lié,
Toute idée de morale étant en moi détruite.
Elle m’attendait là, debout sur son palier ;
Au soleil de midi vous preniez tous la fuite,
Démons de la tristesse, et vous vous en alliez
Chez d’autres gens semer des délires sans suite.
Abrités par un seul trop grand peignoir de bain,
Nous formions un seul corps, union sans lendemain,
Des moineaux se battaient auprès de la fenêtre.
Corps souples d’animaux, corps nobles des humains,
Tendre douceur du ventre et fermeté des mains,
Dans l’action n’ayant ni un ”mais” ni un ”peut-être”.